2. Avoir une stratégie nationale et régionale dans le système éducatif

Pour mettre en place des TIC dans le système éducatif de pays en voie de développement, une politique nationale en faveur des TIC à l’école est nécessaire. Cette politique doit être définie à l’échelle gouvernementale par des politiques nationales qui comprennent les classiques volets concernant l’équipement des établissements en ordinateurs et en accès au réseau, la formation des enseignants et l’encouragement à des usages réguliers, parfois le soutien à la production de contenus multimédias. Dans certains pays (la France, la Norvège, par exemple), la politique en matière de TIC s’exprime également à travers des politiques régionales, indépendantes de la politique nationale, notamment pour ce qui concerne l’équipement des écoles en matériel informatique. En France et en Norvège, les décisions de dépenses et de choix des équipements sont prises par les pouvoirs politiques locaux. Les municipalités d’Oslo et de Besançon, par exemple, ont mis en place des politiques d’équipement informatique systématique des écoles qui apparaissent comme très contraignantes pour les équipes éducatives qui doivent s’y soumettre. Le centre de décision, en se rapprochant de son point d’application, accroît simultanément son efficacité et la pression exercée par l’autorité politique locale sur les acteurs des établissements scolaires.

Si l’usage des TIC dans l’éducation remonte à plus de vingt ans, l’instauration de politiques éducatives et de stratégies de mise en œuvre globales, explicitement conçues à cette fin, à l’échelon national ou régional, est relativement récente. Si quelques pays développés possèdent déjà depuis dix ans, voire plus, des plans directeurs sur les TIC comportant des éléments à caractère éducatif, la plupart des plans directeurs relatifs à l’usage des TIC dans l’éducation ne datent que de ces dernières années. En fait, un rapport de la Banque mondiale (1998) indique qu’« à l’aube du XXIe siècle, nombreux sont les gouvernements qui ne disposent d’aucun plan ni stratégie clairement définis sur l’usage des technologies éducatives ». Aucun pays ne peut se permettre d’ignorer la nécessité d’introduire les TIC dans son système éducatif. Or, comme le souligne ce rapport, bon nombre de pays investissent des moyens énormes sans s’être fixé de plans ni d’objectifs clairs et précis pour ce faire.

Comme on peut s’y attendre – les faits le démontrent – les priorités et les stratégies nationales d’application des TIC dans l’éducation varient considérablement d’un système à l’autre, d’un pays à l’autre selon leurs priorités, leur situation économique et culturelle et, également, selon le contexte plus large de leur système éducatif et les réformes en cours.

Pour autant, malgré cette grande diversité de structure des systèmes éducatifs et des contextes économiques et sociaux, il existe de nombreux points communs entre les orientations des réformes instaurées, en particulier pour les objectifs visés dans le cadre de l’introduction des TIC dans les programmes scolaires. En général, elle se fait en plusieurs étapes : initiation auxordinateurs, puis enseignement à l’aidedes ordinateurs, la plupart des pays tendant ensuite à intégrer les TIC dans l’enseignement et l’apprentissage à des fins d’innovations éducatives. Les écarts entre les pays portent essentiellement sur le niveau d’avancement dans le processus d’application et sur les stratégies de mise en œuvre qu’ils emploient. Il est possible que les points communs relevés entre les orientations de ces réformes soient imputables à l’extension de la mondialisation, qui donne une perception de l’impact économique et des impératifs de l’évolution des TIC beaucoup plus uniforme que les réalités socio-politiques (Pelgrum, 2004).

À l’échelle micro, l’intégration des TIC dans les pratiques se réalise à quatre niveaux interdépendants. Celui des apprenants d’abord, celui des enseignants bien sûr mais aussi celui de l’école et du système scolaire dans son ensemble. Pour comprendre cette dynamique, nous privilégions d’abord les projets de chacun. Adopter une innovation c’est lui donner sens. Par exemple, comme pour les apprenants, il n’est évidemment pas possible d’envisager la question de l’appropriation de l’usage des TIC dans leurs pratiques pour tous les enseignants.

Au contraire, c’est sans doute l’examen attentif de situations de formation ou de pratique dans leurs particularités et leurs spécificités qui peut nous éclairer d’avantage.

Pour avoir une stratégie nationale et régionale dans le système éducatif, il faut que :

  •  Toutes les décisions du gouvernement offrent des programmes d’enseignement et de formation de qualité et améliorent les résultats scolaires des apprenantes et des apprenants ;
  •  Parvenir à intégrer les TIC, tous les paliers du système d’éducation s’associant à de multiples partenaires ;
  •  Avoir une coopération entre tous les partenaires en éducation. Cette collaboration permettra à chacun d’entre eux de prendre part au processus décisionnel et aidera à la cohérence des stratégies de déploiement des TIC dans les écoles, les établissements d’enseignement ;
  • Approfondir examen des rapports qui existent entre la technologie, les milieuxd’apprentissage, les ressources humaines, le contenu et la pratique pédagogique pour parvenir à une intégration complète des TIC en éducation ;
  • Faire exister un leadership compétent et éclairé à tous les échelons du système pour élaborer et mettre en œuvre un plan d’intégration des TIC dans le système d’éducation, évaluer sa réussite ;
  • Travailler dans un cadre où les rôles et les responsabilités seront clairement définis et qui prévoira des stratégies concrètes pour évaluer les besoins changeants du système d’éducation, les faire connaître et y répondre adéquatement.