Conclusion

À l’heure de la mondialisation, les TIC peuvent jouer un rôle central pour favoriser les systèmes éducatifs des pays en voie de développement comme l'Iran et l'Inde. Les TIC peuvent améliorer les rendements internes et externes du système éducatif de ces deux pays. Les TIC peuvent être utiles à la fois comme une discipline éducative et comme des outils pédagogiques capables de rendre les services éducatifs plus efficaces. Pour ces raisons, les pays les moins avancés doivent avoir une gestion moderne et une stratégie nationale et internationale pour la mise en place les TIC dans leurs systèmes éducatifs. Cependant, la stratégie nationale et internationale de mise en place des TIC dans les systèmes éducatifs des pays en voie de développement ne consiste pas uniquement en une série de procédures et de prescriptions techniques. Il doit être considéré aussi comme une culture qui entretient des rapports complexes avec celle des acteurs.

Concernant le cas de notre recherche, les TIC entrent peu à peu dans les systèmes éducatifs de l’Iran et de l’Inde et elles vont changer le mode d’accès de chacun au savoir. De plus en plus couramment, dans les écoles de ces pays, l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de communication par les professeurs, les élèves et la direction des établissements, modifie nécessairement le mode d’enseignement. De nos jours, dans quelques écoles secondaires de ces pays, avec Internet, des enseignants et des élèves bénéficient d’une banque de données inépuisable, qui offre des possibilités nouvelles dans la création de documents personnalisés, il y a parfois un nouvel environnement de travail avec des TIC, des sites d’écoles, des équipement en TIC (comme des ordinateurs et des DVD). Mais en tout cas pour l'intégration des TIC dans le système éducatif de ces pays, il y a encore d'énormes obstacles culturels, économiques, de formation des élèves et des professeurs, de planification des TIC, etc.

Dans notre thèse on a essayé de montrer ces barrières en analysant les résultats de notre recherche selon trois axes. Le premier axe, explique pourquoi des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans les établissements éducatifs iraniens et indiens sont considérées comme une menace (analyse de contexte). Le deuxième axe, examine les raisons économiques qui ont généré des inégalités des chances dans le domaine des TIC dans les systèmes éducatifs iraniens et indiens. Et finalement le dernier axe constate des barrières à la planification des TIC dans les systèmes éducatifs iraniens et indiens, en montrant les quatre grands modes d’approches adoptés par les systèmes éducatifs et les établissements scolaires pour progresser dans l’utilisation de ces technologies.

Premier axe/ obstacles culturels à l’Intégration des TIC dans les système éducatifs iraniens et indiens   : l'analyse de nos résultats a montré que la mondialisation des TIC venant de la théorie néolibéral a un système de valeurs reposant sur les trois piliers que sont des valeurs économiques (capitalisme), politiques (démocratie) et des valeurs culturelles. Or on peut dire que la mondialisation du capitalisme par l’intégration des marchés par exemple en Inde est beaucoup plus avancée que la mondialisation de culturelle ou que la mondialisation de la culture en Iran. En effet, sur le plan économique, cette mondialisation concerne le flux de capital, de l’investissement et du commerce international intégrant tous les pays dans un marché mondial unique. Au niveau politique, les structures internationales et régionales déterminent l’orientation des États tant sur le plan social, économique qu’environnemental. Mais pour ce qui concerne la culture, la mondialisation n’est pas encore une opportunité, et par contre elle apparaît encore pour des pays en voie de développement comme une grand menace.

Pour des pays de sud comme l’Iran et l’Inde, la mondialisation des TIC en soi n’est ni positive ni négative, ou comme dit Jacques Le Goff « la mondialisation n’est ni l’horreur ni le bonheur », elle peut être les deux. Dans le sens positif, la mondialisation des TIC dans ces pays est devenue un outil indispensable d’intégration sociale et économique, de valorisation des savoir-faire locaux et de reconnaissance des diversités culturelles, c’est-à-dire que les TIC dans les domaines politique, culturel, économique et social ont construit un moteur de changement permanent. Les technologies de l’information et de la communication ont produit de formidables outils d’expression et de diffusion culturelles en Iran et en Inde. Du simple texte au produit multimédia, de la musique au cinéma, du courrier électronique au cours universitaire, tous les types de contenu sont accessibles dans ces pays, pour peu qu’on dispose d’un ordinateur et d’une liaison de télécommunication. En fait, grâce aux TIC, ces pays peuvent produire et diffuser leurs valeurs, leurs cultures, leurs connaissances et leurs propres sujets. Enfin, les nouvelles technologies de l’information et de la communication créent de nouvelles possibilités d’expression culturelles, sociales, et politiques. En effet, les pays comme l’Iran et l’Inde sont dans une situation où toutes les cultures et les identités peuvent utiliser les technologies de l’information et de la communication pour démontrer ses visions.

Concernant les TIC, la direction du système éducatif en Iran et en Inde a bien compris que les technologies de l’information et de la communication, en seulement quelques années, peuvent modifier de façon éducative les établissements scolaires et la gestion de la planification éducative dans leurs pays comme dans les pays développés. En fait, l’impact des technologies de l’information et de la communication dans ces pays peu être multiple : les TIC changent les méthodes traditionnelles des métiers de l’apprentissages en créant de nouvelles méthodes d’éducation, comme l'éducation à distance et ils créent de nouveaux moyens de communication éducative.

Mais malgré tout, cette occasion d'introduire les TIC dans les système éducatifs des pays en voie de développement comme l’Iran ou l’Inde est vue par plus de la moitié des professeurs et des managers d’école secondaire dans notre recherche comme un risque de perdre leurs valeurs locales dans le mouvement de la mondialisation des TIC, ils perdrons beaucoup de valeurs locales. En fait, ils pensent que leurs cultures et leurs propres valeurs sont mises en danger et qu'on assiste à une uniformisation dangereuse dans le traitement des valeurs. Autrement dit, ils pensent que par l’émergence de nouvelles techniques dans les écoles, surtout par Internet et le réseau mondial WWW,l’Occident essaie d’imposer un "modèle" culturel aux systèmes éducatifs de pays en voie de développement. La mondialisation des TIC sous son mode purement économique est imposée comme une nouvelle colonisation des plus pauvres par les plus riches par la création d'un seul environnement culturel mondial dans lequel tout le monde a accès aux mêmes messages, réalisés et disséminés à travers un réseau de réseaux, centralisé et contrôlé étroitement. Autrement dit, ils pensent que la mondialisation du libéralisme par des productions et des marchés de l’information, des industries culturelles, l'art et la culture a pu favoriser la captation du culturel. Ce qui est très intéressent dans nos résultats de recherche, c'est qu’ils y a une même préoccupation culturelle dans en Iran et en Inde qui ont pourtant deux systèmes politiques complètement différents et constituent deux mondes différents.

L’Iran est un pays Islamique dont la politique se déroule dans le cadre d’une république théocratique islamique. Selon la constitution de 1979, votée à la révolution, toutes les institutions et les activités de l’Iran, sont fondées sur les principes de la loi coranique. Dans la République islamique, la structure « moderne » de l’éducation, dans la forme, et dans ses plus grandes lignes est préservée. Mais dans le contenu, la politisation de l’éducation aboutit à des modifications et des manipulations, sous couvert d’islamisation. Pourtant, on peut constater un certain nombre de changements dans les contenus des leçons considérés comme non conformes aux règles islamiques. L’islamisation du système éducatif porte donc sur tous les éléments éducatifs : formation des enseignants, des équipements, des contenus, de la direction d’école et des technologies éducatives. Pour les TIC par exemple, l’islamisation a commencé par filtrer des sites, des images et des textes occidentaux parce que le gouvernement iranien les considérait comme anti-islamiques. D’autres exemples concernant les TIC montrent le souci de préservation culturelle dans la politique nationale d’éducation de l’Iran. Ainsi, le gouvernement islamique de l’Iran, pour combattre de l’influence de la culture occidentale, a interdit l’Internet à haut débit. Dans un pays où les utilisateurs d'Internet sont estimés à 8 millions, il est désormais plus difficile de télécharger la musique étrangère, les films et les émissions télévisées. Cela contrarie également des efforts des groupes politiques d’opposition d’organiser en téléchargeant l’information sur net.23

L’Inde est la plus grande démocratie du monde. Le système politique indien est une république fédérale dont la capitale est New-Delhi. Elle comporte 28 États et 7 territoires de l’union. Sa constitution date du 26 janvier 1950. Le gouvernement indien repose sur le modèle britannique de l’English Common Law. Mais malgré toutes ces différences de fond avec le système politique de l'Iran, cette préoccupation culturelle par rapport à la mondialisation des TIC apparaît la même dans notre étude. Autrement dit, cette captation, homogénéisation ou occidentalisation de la culture et de la langue inquiètent fortement les acteurs sociaux et éducatifs en Iran et en Inde.

Deuxième axe : les obstacles de mise en place à la faiblesse économiques pour l'intégration des TIC dans l'éducation en Iran et en Inde : Pour les pays riches, la mondialisation économique comporte deux bénéfices essentiels. Le premier profite au consommateur, qui a accès à un éventail plus large de biens (diversité) à un prix plus faible que s’ils étaient fabriqués dans le pays même. Quantitativement, cet effet est considérable et peut être appréhendé en additionnant les gains des consommateurs à l’achat de produits. Le second bénéfice profite aux détenteurs du capital, qui obtiennent un meilleur rendement de leurs capitaux. Mais pour les pays économiquement pauvres, les plus pauvres restent largement en dehors du processus de mondialisation. Une étude de la Banque Mondiale sur la pauvreté (2000) montre par exemple que la tendance actuelle de l’économie mondiale va dans le sens d’une augmentation des inégalités entre pays industriels et pays sous-développés(Encyclopédie Encarta, 2004).

Malgré la diminution du nombre de personnes vivant dans une pauvreté extrême depuis le début des années 1990, environ un cinquième de la population mondiale continue à vivre avec un revenu égal ou inférieur à 1 dollar américain par jour, alors qu’un autre quart doit se contenter de moins de 2 dollars américains par jour. La pauvreté est particulièrement sévère en Afrique où près de la moitié de la population vit avec un revenu inférieur à 1 dollar américain par jour. En fait, si on prend les trente dernières années au niveau mondial, il y a une croissance formidable mais, parallèlement, pour la même période, la pauvreté a augmenté. En dix ans, on passe de 250 millions à 1 milliard de pauvres. Et rien qu’avec la crise de l’Asie du Sud-est en 1998, il y a 14 millions d’Indonésiens qui ont été réduits à la pauvreté en une année. C’est donc dire que, finalement, ce développement, d’une part ne profite pas à tout le monde (il ne réduit pas la pauvreté) et que, d’autre part, il est sujet à des retours en arrière. Plusieurs pays, au moins 70 à 100, ont vu leur revenu moyen régresser entre 1980 et 1993 pour se resituer au niveau de 1980 ou même de 1970. En définitive, ces 70 à 100 pays n’ont connu globalement aucune croissance et sans aucun doute le nombre de pauvres y a augmenté.

Pourtant, certains pays ont connu une certaine croissance. Et quand on fait la corrélation entre l’augmentation du PIB et l’augmentation du taux de pauvreté, il n’y a pas de corrélation positive. D’autre part, on trouve dans tous les rapports qu’un phénomène de concentration de la richesse s’est fait au profit des pays les plus riches. La différence de revenu entre les pays riches et les pays pauvres était de 5000 dollars à peu près et a été multipliée par trois en 10 ans. Même à l’intérieur de chaque pays il y a une aggravation de la répartition des richesses. On a même vu l’apparition de nouvelles formes de pauvreté dans les pays développés : les sans-abri en France, ou les sans domicile fixe, etc. Ce sont des formes nouvelles qui n’existaient pas avant dans les années 1960-1970 et le début des années 1980 et qui sont apparues même dans les pays développés. Un des rapports de l’Institut des Nations Unies pour le développement parle pour les pays pauvres en général et pour la catégorie des ouvriers agricoles en particulier d’une baisse de revenu de 20 à 30 %. Il y a donc une érosion des revenus assez forte en particulier dans cette ère de la globalisation.

L'analyse de la partie précédente le souligne, la pauvreté est un phénomène aux multiples aspects qui est mieux caractérisée par une absence de liberté qui conduit à une absence d’accès aux opportunités : accès à une alimentation suffisante, à des vêtements et à un logement décents, aux services de santé et à un enseignement de base, accès aux TIC, aux transports et aux communications, au crédit et à l’assurance contre les désastres naturels. Le rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) signale que quelque 90 millions d’enfants en âge scolaire dans le monde en voie de développement se voient déniés la chance de fréquenter l’école primaire. Les conséquences du manque d’accès à des services sanitaires adéquats, combinées à une prévention médiocre des maladies, sont particulièrement sévères et menacent gravement les perspectives de développement pour de nombreux pays.L’étude met en évidence l’écart colossal qui sépare pays riches et pays pauvres en termes d’accès aux TIC. Ainsi, un pays moyen membre de l’OCDE a un revenu par habitant 11 fois supérieur à celui d’un pays d’Asie du Sud ; il possède également 40 fois plus d’ordinateurs, 146 fois plus de téléphones mobiles et 1036 fois plus d’hôtes Internet.

Qu'est-ce que la mondialisation a apporté à un pays comme l’Inde qui est entré dans l’ère de la mondialisation économique par une série de réformes en juillet 1991 ? Aujourd’hui tout le monde dit que l’Inde est une nouvelle puissance mondiale dont l’importance ne cesse de croître. Elle s’efforce d’approfondir ses relations avec l’Association des nations du Sud-Est asiatique (ASEAN), de resserrer ses liens avec la Chine et d’accroître ses interactions avec les pays d’Asie centrale, les États-Unis et l’Europe. Dixième économie mondiale (quatrième en parité des pouvoirs d’achat), l’Inde dispose de tous les atouts pour faire d’énormes bonds économiques au cours des dix prochaines années. L’Inde a connu une croissance économique soutenue, grâce à un large éventail de réformes mises en œuvre au cours de la dernière décennie.

Pour autant, une question demeure : est-ce que ce développement économique de l’Inde a fait baisser la pauvreté des Indiens? Plusieurs recherches dans ce domaine constatent la persistance du problème. Le dernier rapport 2004 de Banque Mondiale, estime que 34,7 % de la population indienne vivrait en-dessous du premier seuil et 79/9 % du second seuil, soit une fourchette en valeur absolue de 365 à 840 millions de personnes respectivement. En valeur absolue, 310 millions d’individus vivaient en dessous du seuil minimal de pauvreté en 1987-1988. En 1992-1993, le nombre de pauvres atteignait 355 millions. 21 millions d’adultes sont illettrés (dont une grande majorité de femmes qui sont la clé du changement de la société, 45 millions d’enfants ne fréquentaient pas l’école primaire en 1995, près d’un tiers des enfants de moins de 16 ans sont obligés de travailler, 135 millions d’individus n’ont pas accès aux soins de santé de première nécessité, 226 millions n’ont pas l’eau potable, 640 millions ne disposent pas d’installations sanitaires élémentaires, etc.

En fait cette mondialisation économique, pour ce moment, ne sert que les gens riches en Inde. Le système éducatif indien plus bourgeois que démocratique. En nombre absolu, l’Inde comptait encore prés de 355 millions d’illettrés à la date du dernier recensement contre 324 millions en 1991. Le taux net de scolarisation s’élève aujourd’hui à 71 %, mais avec d’importantes disparités : dans les zones urbaines, plus de 80 % des enfants sont scolarisés contre 60 % dans les zones rurales. Comme le montre notre recherche sur les TIC et surtout l’équipement en TIC, il y a un grand écart entre les écoles privées et les écoles gouvernementales. Par exemple, il n'y a pas d’égalité d’accès aux TIC dans les écoles privées et les écoles gouvernementales et leur équipement ne se fait pas au même rythme. Autrement dit par rapport aux pays développés, la situation des TIC dans le système d’éducation indien est faible, mais la situation des TIC dans le système éducatif privé indien est plus développée que dans les écoles gouvernementales. En fait le résultat de notre recherche a montré, la différence des équipements en TIC par élève entre les écoles privées et les écoles gouvernementales ou entre les écoles urbaines et les écoles rurales.

En tout cas, on peut constater que la démocratisation des TIC en Iran et Inde dans le système social et éducatif est encore faible par rapport aux pays avancés. La situation économique et des TIC dans le domaine éducatif en Inde et en Iran montre que ces pays n’ont pas encore réussi leur passage vers la société informatique. En fait, comme les indicateurs de l’Union internationale des télécommunications le montre, la situation des TIC dans trois index majeurs dans ces pays est encore faible. Les résultats de l'UIT montrent que par rapport aux index, parmi 180 pays, la place de l’Iran est la 94e (Accessibilité = 0,99, Infrastructure = 0,16 et Utilisation = 0,03) et la place de l’Inde est la 118e (Accessibilité = 0,80, Infrastructure = 0,4 et Utilisation = 0,04) (International Telecommunication Union, 2006).Pour avoir une idée plus précise de la position de l’Iran et de l’Inde dans ce même classement, il faut savoir que la Turquie occupe le 58e rang, la Chine le 74e, l’Égypte le 90e et le Pakistan le 127e.

Tous ces explications, les résultats de notre recherche concernant la situation économique et ces exemples montrent que la démocratisation des TIC dans le domaine éducatif indien n’est pas encore la priorité de politique du gouvernement ni des établissements scolaires gouvernementaux en Inde. En fait, dans un pays comme l'Inde où moins de 50 % des enfants de familles pauvres vont à l’école, et parmi eux, seulement 1 sur 5 achève 8 années d’études, l’investissement dans les TIC dans les écoles apparaît aux dirigeants du système éducatif comme un rêve réalisable juste pour des gens riches qui peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Seuls les établissements privés dépensent pas mal d’argent dans ce domaine. L'embourgeoisement est peut-être le résultat naturel de la mondialisation, ce qui se traduit par le désir de transmettre des TIC à un nombre limité d’enfants.

Pour sortir de cette situation économique faible et pour arriver à un monde juste et égal dans tous les domaines, tels que la démocratisation de l’éducation et l’accès aux TIC dans les écoles et les établissements, nous devons, comme le dit Annie Vinokur, nous assurer que la mondialisation devienne une force positive pour tous les citoyens du monde, au lieu de laisser des milliards d’entre eux à la traîne, dans la misère. Pour atteindre le meilleur de la mondialisation et éviter le pire, nous devons apprendre à mieux gouverner, à l'échelon local comme à l'échelon national, et à mieux gouverner ensemble à l'échelon international. Nous devons à nouveau réfléchir sur la façon dont nous menons nos activités conjointes et nos intérêts communs, dans la mesure où nombre de défis auxquels nous faisons face aujourd’hui sont hors d’atteinte pour n’importe quel État agissant seul. Cela ne signifie pas un gouvernement mondial ou l’éclipse des États nations. Au contraire, les États ont besoin d’être renforcés. Et ils peuvent se renforcer mutuellement en agissant ensemble par l’intermédiaire d’institutions communes fondées sur des règles et des valeurs partagées. Les gouvernements doivent travailler ensemble pour rendre ces changements possibles. Mais les gouvernements ne vont pas réaliser cela seuls. Le plus gros de la tâche sera entrepris par l’investissement privé. Les fondations caritatives seront également très importantes. Il est probable que les meilleures idées viendront de l’extérieur des gouvernements — des chercheurs universitaires, des organisations volontaires, des affaires, des médias et enfin, des arts. Tout cela ensemble créera une "société civile". Ils ont un rôle vital à jouer. Le succès dans l’accomplissement de la croissance soutenue dépend d’une manière critique de l’expansion des accès aux opportunités de la mondialisation. Les pays qui ont atteint un plus haut taux de croissance sont ceux qui ont réussi leur intégration dans l’économie globale et attiré les investissements étrangers (Vinokur, 2003).

Troisième axe : obstacles à l'intégration des TIC par la planification et le management dans les systèmes éducatifs iranien et indien : L’analyse du phénomène de l’intégration des TIC dans le système éducatif des pays en voie de développement a montré que ils en sont encore au début. Les barrières qui freinent leur intégration sont importantes et les facteurs qui la favorisent insuffisants. Comme on l'a démontré plus haut, plusieurs recherches font état de l’obligation de la planification des TIC, parce que leur intégration dans le système éducatif d’un pays passe d’abord par une planification éducative locale et nationale. L’intégration significative des technologies de l’information et de la communication impose au système éducatif de revoir sa conception de la gestion et de la planification.

Plusieurs indicateurs dans notre recherche ont constaté que les barrières de planification qui limitent l’intégration des TIC sont de deux types : des obstacles internes aux écoles et des barrières externes à l'échelle macro ou nationale. Les barrières internes sont : le manque de bonnes relations entre les équipes administratives, les équipes d’enseignants et les élèves, le manque de plans de promotion du rôle des enseignants dans le développement du matériel pédagogique, le manque d’un plan budgétaire et de crédits pour les TIC, le manque de planification et de gestion pour l’intégration des TIC dans les écoles, le manque de définition des objectifs et des buts en matière de TIC dans les écoles et le manque de compétences en TIC des professeurs, des directeurs d’écoles et des élèves. Les barrières externes sont que le ministère de l’éducation mette enfin à l’essai et pilote l’utilisation des TIC dans des établissements et des matières sélectionnés or il n’a pas encore intégré les TIC dans les programmes scolaires ; qu'il manque une série de réformes de l’enseignement en Inde. Bien qu'en Iran, le gouvernement encourage et soutienne les Technologies de l’Information dans sa politique de mise en place des TIC dans les écoles ; en Inde, le gouvernement encourage et soutient peu les Technologies de l’Information par une politique de mise en place des TIC dans les écoles. Des équipes de créateurs de contenu, de planificateurs ministériels en éducation, des enseignants, des technologistes éducatives et des chercheurs ne contribuent pas activement à promouvoir les TIC dans le système éducatif. Si en Iran, un plan d’action à court, moyen et long termes est proposé pour des actions et des projets acceptés, en Inde il n’y a qu'un plan d’action à court terme. Le ministère de l’éducation n’a pas intégré l’utilisation des TIC dans le programme normal et n’a défini ni de normes ni de compétences aussi bien pour les enseignants que pour les élèves en ce qui concerne l’utilisation des TIC. En Iran et en Inde des entreprises, des organismes ou des associations dans le secteur international et des organisations non gouvernementales (ONG et société civile) n’ont pas apporté leur concours à la réalisation des objectifs du plan de développement des TIC dans l’enseignement .Les meilleurs rôles « possibles » des pouvoirs locaux, des associations intermédiaires, de l’enseignement, des ONG, des acteurs économiques n’ont pas été déterminés pour mettre en place des TIC dans le système éducatif.

Alors qu’en Inde la planification des TIC est encore peu avancée (à cause d’une économie plus faible qu’en Iran), le ministère de l’éducation iranien a mis en œuvre plusieurs projets éducatifs pour développer des applications des TIC dans l’enseignement primaire et secondaire. Jusqu’ici, 6500 écoles ont des locaux d’implantation des ordinateurs (33 %) et en 2006 toutes devraient en avoir. D’ailleurs environ 1200 écoles (de 10 %) ont été reliées à l’Internet. Environ 70 000 professeurs (8 %) ont participé aux ateliers et aux cours reliés par les TIC. Le réseau de Roshd (www.roshd.ir) est le plan du ministère pour établir des équipements en TIC dans les écoles. Les projets suivants sont parmi les plus importants programmes qui supposent un changement crucial de la direction de l’enseignement et de la pratique scolaire dans les écoles iraniennes.

  • Le projet (1) : détermination de la politique et des principes qui doivent être pris en considération pour une application efficace des TIC dans le domaine de la formation professionnelle, des recherches, des questions matérielles et économiques concernant la technologie de l’information et de la communication, de la formation des personnels, de la planification et de la production des logiciels, des affaires administratives et exécutives.
  • Le projet (2) : le développement des écoles nationales du pays
  • Le projet (3) : l'étude et la conception d'un plan complet pour développer les écoles nationales du pays
  • Le projet (4) : l'équipement des écoles et des laboratoires d’ordinateurs et les liens au réseau : l’équipement de 60 collèges de formation des professeurs, l’équipement de 6500 écoles d’enseignement secondaires et techniques, l’équipement 40 écoles techniques, l’étude du recyclage des vieux ordinateurs des organismes gouvernementaux pour équiper les écoles.
  • Le projet (5) : la formation des professeurs et des fonctionnaires et l’évaluation professionnelle : la formation de 60 000 de professeurs et personnels administratifs, la formation de 100 professeurs et d’experts pour des produits de WEB, la mise en œuvre de l’e_learning comme un plan pilote dans 3 centres de formation de professeurs, l'amélioration de l’évaluation professionnelle des professeurs et des fonctionnaires.
  • Le projet (6) : la production de contenu électronique tels que des livres électroniques, la détermination de normes éducatives pour logiciels
  • Le projet (7) : un plan pilote pour les écoles électroniques
  • Le projet (8) : le développement de réseau de Roshd
  • Le projet (9) : la production de Web
  • Le projet (10) : des écoles Smart
  • Le projet (11) : des laboratoires d’ordinateurs pour des écoles.

En tout cas, pour intégrer les TIC dans les programmes d’enseignement et pour que le système éducatif puisse bénéficier de toutes les possibilités qu’elles offrent, il importe que chaque étape du processus d’intégration soit soigneusement planifiée, mise en œuvre et évaluée, que tous les partenaires en éducation, les éducatrices et éducateurs, les élèves et les parents, le personnel administratif, les conseillères et conseillers scolaires, les membres des conseils collégiaux et universaux en soient informés et il faut mettre en place et se doter d’une vision commune et d’une stratégie technologique.

En fait pour mettre en place des TIC dans des systèmes éducatifs de pays en voie de développement comme l’Iran et l’Inde, on doit abattre plusieurs barrières potentielles très diverses : les obstacles sociaux, les problèmes d’ordre financier, le manque de prise de conscience de l’importance de l’information dans le développement de la nation, les barrières d'infrastructures, la politique nationale, régionale et scolaire pour intégrer TIC dans l’éducation (formelle et non formelle), le manque d’existence d'une politique nationale et locale appropriée, claire et cohérente, la capacité des TIC à être efficace dans le domaine de l’enseignement, des pouvoirs locaux, des associations intermédiaires, de l’enseignement, des ONG, des acteurs économiques pour mettre en place des TIC, les préoccupations en matière culturelle et linguistique et la résistance culturelle à adopter de nouveaux comportements.

Notes
23.

- Autre exemple, le 20 septembre 1994, le parlement iranien a adopté une loi interdisant l'importation, la fabrication, la distribution et l'usage des antennes paraboliques, considérées par les autorités comme les vecteurs principaux de l'"invasion culturelle occidentale" (tahâjom-e farhangi-ye garb). L'article 2 de cette loi prévoit la confiscation par la force, des antennes après une période de grâce d'un mois suivant son approbation finale par le Conseil des Gardiens (choura-ye negahbân). L'article 3 stipule que les contrevenants seront appelés devant les tribunaux révolutionnaires et risquent des peines allant jusqu'à l'emprisonnement. Cette interdiction confirme la détermination de l'élite politique et religieuse au pouvoir d'entraver la pénétration des valeurs occidentales. Elle survient au moment où le plaidoyer des intellectuels laïcs et religieux pour une nécessaire ouverture culturelle, philosophique et économique à l'Occident, comme seule issue à la crise, prend une ampleur sans précédent en Iran post-révolutionnaire et trouve un large soutien parmi la population urbaine, notamment dans la jeunesse. Elle révèle aussi l'impuissance de l'État islamique à gérer une société post-islamiste qui, après son expérience révolutionnaire et huit années de guerre, a entamé une réflexion sur elle-même.( KIAN, 2006)