1.4.1. SCM et solutions informatiques associées

Pour simplifier, nous dirons que le marché des logiciels de supply chain management se divise en trois catégories : les ERP (Enterprise Ressource Planning), les APS (Advanced Planning Systems) et les SCE (Supply Chain Execution).

1.4.1.1. ERP et APS

Les ERP sont des outils transactionnels qui assurent la capture des données et leur stockage (commandes, gestion des stocks, gestion des achats, etc.). Les logiciels de type APS sont des outils spécialisés structurant la décision pour la planification de la demande, de la production et de la distribution. Ils optimisent la planification et synchronisent les flux de la chaîne logistique en tenant compte simultanément d’un grand nombre de contraintes (ressources, capacités, délais, coûts, profits, etc.) [CXP, 2001].

Les ERP se placent au niveau opérationnel en gérant les transactions. Les grands éditeurs d’ERP ont crée des progiciels qui couvrent littéralement toutes les fonctions de l’entreprise : gestion commerciale, gestion de production, achats, stocks, maintenance, qualité, comptabilités (générale, clients, fournisseurs), trésorerie, consolidation, gestion des ressources humaines, etc. Une étude récente sur les nouvelles recherches concernant les ERP est présentée dans [Botta-Genoulaz et al., 2005]. À titre d’exemple, nous présentons ci-dessous (figure 1.8 [Baglin et al., 2001a]) la structure générale de l’ERP le plus diffusé dans le monde : SAP R/3.

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Fig. 1.8 - Modules SAP R/3

Au-delà de toutes les fonctions de gestion interne de l’entreprise, les ERP offrent, grâce à une ouverture sur le monde extérieur au moyen des technologies de l’information, la possibilité de gérer efficacement l’ensemble de la chaîne logistique dans laquelle évolue l’entreprise. Ci-dessous une liste non exhaustive de fonctions :

  • La planification inter-entreprise (Collaborative Planning) : permet de communiquer les plannings de fabrication et de livraison entre les partenaires (fournisseurs, clients, sous-traitants) pour aboutir à des solutions réalistes. Cela suppose des connexions entre les ERP des partenaires et donc d’avoir mis en place des accords de partenariat.
  • La planification du réseau logistique (Supply Network Planning) : permet de faire correspondre la demande avec les processus d’achats, de fabrication et de transport, pour équilibrer et optimiser l’ensemble du réseau de logistique.
  • Le pilotage du réseau logistique (Supply Chain Cockpit) : offre aux utilisateurs une vue générale de la chaîne logistique à l’aide d’une interface utilisateur graphique personnalisable.
  • Le disponible à la vente globale (Global Available-to-Promise) : fait coïncider l’offre et la demande à une échelle vraiment internationale.
  • Le e-procurement : permet de soumettre des appels d’offres via Internet sur des places de marché.

Un ERP permet normalement de réduire les ruptures de stock, d’abaisser le niveau moyen des stocks par une rotation plus élevée, d’améliorer le respect des délais de livraison promis aux clients et d’abaisser le coût de revient de la production par une meilleure régularité dans le fonctionnement des ateliers.

Les données modélisées et traitées par l’APS sont issues de la base de données relationnelle de l’ERP. En effet, les APS ne disposent pas de leur propre base de données et doivent donc être « connectés » aux ERP ou au système d’information de l’entreprise. Les APS interviennent pour la synchronisation de la chaîne logistique (figure 1.9 [Lamouri, 2006]). Les transactions liées aux déclarations de production, à la saisie d’une commande, etc. seront exécutées dans l’ERP. Ces informations sont mises en forme dans l’APS pour que le gestionnaire puisse établir le plan. Les décisions de production, de transport, d’approvisionnement sont ensuite transmises à l’ERP sous forme d’ordres pour y être lancés.

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Fig. 1.9 - Le positionnement relatif des ERP et des APS

Toutes les activités ayant un impact fort sur la qualité du service au client sont intégrées dans les APS : planification, remise de délai, gestion des stocks, expéditions, etc.

La cohabitation réussie entre l’APS et l’ERP s’avère essentielle. L’APS doit pouvoir déterminer les meilleures décisions en tenant compte des informations les plus récentes possibles contenues dans l’ERP, mais également assurer le suivi des plans pour contrôler que la situation ne dévie pas significativement. L’ERP doit recevoir les décisions de l’APS pour en tenir compte.

Les APS donnent une visibilité sur toute la chaîne et offrent des fonctionnalités d’interconnexion avec les systèmes d’information des clients et fournisseurs en s’appuyant sur le développement des technologies intranet et internet. Le gestionnaire de la chaîne logistique dispose donc aujourd’hui de l’architecture informatique qui lui permet de s’appuyer sur des données mises à jour à travers l’ERP pour prendre des décisions de planification avec le support de l’APS.