A.3- Mahmoud Sami-Ali

Sami-Ali est un psychanalyste d’origine égyptienne. Il fut l’un des disciples de Marty dans l’approche psychosomatique, puis s’est démarqué pour fonder sa propre école de pensée, qu’il nomme la “Théorie relationnelle de la psychosomatique”.

En effet, Sami-Ali s’éloigne de l’idée d’un processus psychosomatique pathologique en lien avec une carence fantasmatique et émotionnelle “structurelle”. Selon lui, toutes les théories psychosomatiques issues de la psychanalyse expliquent la somatisation

‘“par le ‘dysfonctionnement’, qui se nomme également alexithymie, pensée opératoire, dépression essentielle, ainsi de suite, c’est-à-dire quelque chose de l’ordre de la carence, s’opposant radicalement à la complexité : on somatise à défaut de pouvoir mentaliser. Autant dire que la porte est ouverte parce qu’elle n’est pas fermée !” (2003, p18).’

Avec Sami-Ali, on part du principe que la relation prime sur tout ce qui est ou est censé être, sur le corps, sur l’âme, sur l’identité :

‘“Pour nous en effet, qui affirmons le primat de la relation, la pathologie non relationnelle, psychotique ou autiste, quel que soit le moment de son apparition, a toujours lieu dans une relation où l’autre est partie prenante, pesant sur toute l’évolution, psychique autant que somatique, du simple fait qu’il est là, présence faite de multiples absences” (2003, p6).’

Sami-Ali distingue la relation d’objet freudienne à ce qu’il nomme la “relation de sujet”, davantage encline, selon lui, à décrire des troubles psychosomatiques et leur ancrage dans le réel, quand la relation d’objet ne se réfère qu’au corps imaginaire.

La théorie relationnelle de la psychosomatique se base sur deux concepts fondamentaux : la fonction de l’imaginaire, et le refoulement de l’imaginaire.

La dimension relationnelle semble en premier lieu, pour Sami-Ali, hautement corrélée avec la fonction de l’imaginaire, comme si l’imaginaire servait de pont entre soi et l’autre, voire même de synchronisateur.

Mais, dans le cadre de cette théorie, la notion d’imaginaire revêt une dimension elle-même plus élaborée que celle qu’on lui donne habituellement. Il ne s’agit pas simplement, ici, de la seule production d’images mentales. L’imaginaire, chez Sami-Ali, pourrait être considéré comme l’ambassadeur ou l’étendard de la subjectivité, son support de projection. Ainsi,

‘“nous considérons que la projection coïncide exactement avec le processus onirique. […] Rêver, c’est projeter”, dit-il (2003, p11).’

Par ailleurs, l’imaginaire serait aussi l’équivalent du rêve à l’état d’éveil. Il s’agirait donc à la fois d’un phénomène biologique et psychologique. Biologique, parce que, comme le rêve, il serait soumis à des rythmes naturels. Psychologique, dans la mesure où il exprimerait la dimension subjective de chacun.

En outre, selon Sami-Ali, l’imaginaire et le rêve s’apparenteraient totalement à l’Inconscient. Comme eux, il ne connaît pas le temps ni l’espace, ou, s’il les prend en compte, ce n’est que sous une forme imaginaire. L’Inconscient n’a rien à voir avec la réalité ni avec ses contradictions, de même que l’imaginaire. Pour Sami-Ali, Inconscient et imaginaire représenteraient d’ailleurs un seul et même concept. Il distingue cependant sa conception de l’Inconscient de la conception freudienne, mettant en lien la création de l’Inconscient avec le mécanisme de défense du refoulement :

‘“Nous libérons du même coup le concept d’inconscient de toute limitation que lui impose la théorie des mécanismes de défense, pour aborder enfin un ’inconscient originel’, irréductible au refoulé, à ce qui est devenu inconscient, et que Freud a pu entrevoir comme un au-delà inaccessible” (2003, p14).’

Sami-Ali perçoit ainsi le processus imaginaire comme un rêve à l’état vigile, grand médiateur de toute relation, la relation se révélant comme l’élément préexistant à tout mécanisme constitutif du sujet, avant même sa naissance. Dans ce cadre, il définit quatre dimensions essentielles à la relation :