Le rêve

Le rêve, selon Sami-Ali, représente, nous l’avons dit, avant tout un phénomène de nature biologique. Il s’inscrit invariablement dans le fonctionnement du sommeil, et y tient sa place en fin de chaque cycle, au moment du sommeil paradoxal. L’apparition du rêve au cours du sommeil ne peut donc pas relever, pour Sami-Ali et par opposition à la conception freudienne à ce sujet, d’une activation spécifique correspondant à l’accomplissement d’un désir sur un versant hallucinatoire, puisque le rêve est un processus entièrement naturel. Ainsi

‘“le rêve existe indépendamment de toute réalisation de désir”, nous dit-il.’

Sami-Ali intègre la notion de rêve à l’état conscient, qu’il divise en “conscience vigile” et “conscience onirique”. Cette dernière connaît, comme support exclusif, le mécanisme de la projection, lui aussi bien différent de la projection au sens freudien. Il s’agirait plutôt ici du processus qui permet d’obtenir mécaniquement les images du rêve sur son écran mental, à la manière d’un vidéo-projecteur. Et si, pour Sami-Ali, “rêver, c’est projeter”, ce phénomène n’a, précisons-le à nouveau, rien à voir avec un mouvement individuel, puisqu’il est le propre, comme toute fonction essentielle, à tous les humains, et même avec les autres espèces. Ainsi, Sami-Ali explique-t-il que

‘“la projection coïncide en définitive avec un processus d’objectivation au niveau de l’être”.’

En fait le rêve de Sami-Ali se substituerait, selon lui, à la notion d’Inconscient freudien, et se présenterait comme l’équivalent de la pensée imaginaire. Il poserait ainsi sa forte empreinte dans la structure même de la pensée, grâce au mécanisme de projection, jouant le rôle de médiateur entre la conscience onirique et la conscience vigile.

‘“Le rêve se constitue donc en tant que pensée de l’imaginaire, expression hautement paradoxale, puisque la pensée exclut la contradiction que l’imaginaire justement inclut” (1997, p4).’

C’est

‘“comme si l’on avait affaire à un ‘mystère manifeste’, comparable au cas où les opérations mentales les plus complexes sont parfois absorbées par des tâches futiles” (2003, p12).’

Ainsi le processus du rêve se voit-il profondément intriqué avec les phénomènes temporel et spatial : temporel parce que le rêve suit un rythme spécifique, et spatial, dans le sens d’une “objectalisation” de l’espace par le rêve. Ces trois fonctions étant bien entendu toujours régulées par la relation.