A.1.3- Mode d’expression et de modulation de la douleur

Algie “saine”

Dans les cas les plus fréquents de douleur, la modulation algique peut s’accomplir à deux niveaux :

  • Au niveau afférent : Les fibres A-delta et C produisent un influx excitateur. De leur côté, les fibres A-alpha et A-bêta (tact, proprioception, mouvement), fibres de gros calibre et fortement myélinisées, conduisent l’information de façon plus rapide que les fibres A-delta et C, et peuvent ainsi jouer un rôle inhibiteur de la transmission du message douloureux provenant de ces dernières, par interception au niveau du neurone convergent. Il s’agit de la théorie de l’inhibition segmentaire, dite du “Gate Control”, découverte par Wall et Melzack en 1965. Différentes techniques à visée antalgiques s’appuient ainsi sur une stimulation des fibres A-alpha et A-bêta, telles que le massage, la neurostimulation, ou l’acupuncture.
  • Au niveau du système “médian” de la douleur : l’activation du circuit “thalamus latéral - aires pariétales” entraîne une réponse cingulaire inhibitrice, issue du circuit “thalamus médian - système limbique -cortex frontal”. Cette activation cingulaire antérieure rostrale, ultérieure à l’interprétation douloureuse, semble être le processus à l’origine du phénomène d’habituation. Il s’agit d’un mécanisme d’adaptation à la douleur, permettant d’en augmenter le seuil pour un même stimulus (Bingel et al., 2007). Le cortex cingulaire antérieur joue ainsi un double rôle, à la fois dans la génération de la sensation douloureuse, et dans son inhibition, du fait de la caractéristique plurimodale du récepteur périphérique initial.