A.1.4- Épidémiologie

La douleur se situe, avec la fièvre et la fatigue, parmi les premiers motifs de consultation de médecine générale (Xavier Bertrand, 2006). Elle touche la majorité de la population mondiale chaque année.

Il est à noter ainsi un intérêt croissant des pouvoirs publics français concernant la question de la douleur et sa prise en charge, longtemps négligées. C’est ainsi que la loi du 4 mars 2002, relative à la qualité du système de santé, reconnaît le droit fondamental au soulagement de la douleur. Dans son prolongement, la loi du 9 août 2004, relative à la santé publique, inscrit officiellement la douleur parmi les cent objectifs des cinq années suivantes. Enfin, grâce à la loi du 22 avril 2005, concernant le droit des malades et la fin de vie, puis aux décrets de février 2006, le soulagement de la douleur devient une priorité légalement reconnue dans l’accompagnement à la fin de vie.

Cependant, les informations sur la prévalence, la fréquence, l’intensité, la durée, et les zones du corps impactées par la douleur restent limitées ou très disparates. Ceci, possiblement en raison des différences entre les auteurs concernant la population choisie, ainsi que la définition, l’évaluation, ou les modalités de la douleur auxquelles ils se réfèrent.

L’étude de la SOFRES, présentée en avril 2003 à l’occasion du Comité d’Organisation des États Généraux de la Douleur, a montré par exemple que 54% de français ont reconnu avoir éprouvé une douleur au cours des deux dernières années.

On peut regretter cependant qu’aucune précision concernant ce qui est entendu par le mot “douleur” n’ait été apportée avec ces résultats statistiques. En effet, il semble peu probable que 46% des français n’aient réellement jamais ressenti aucune douleur au cours des deux dernières années. Qui, outre des personnes souffrant d’indifférence congénitale à la douleur ou des personnes en déficit de conscience de leur corps, peut ne pas avoir vécu, pendant au moins deux ans, ne serait-ce qu’une sensation algique liée à la gorge en hiver, ou un mal de tête ou de ventre passager, ou encore des courbatures ou une douleur articulaire après un effort ? Qui ne s’est jamais cogné à la moindre table pendant au moins deux ans ?

Si l’on accepte ainsi sous le vocable “douleur”, toutes les douleurs, petites ou grandes, ponctuelles, passagères, ou chroniques, alors on peut aisément imaginer que la totalité de la population capable d’esthésie est soumise fréquemment à la douleur.

L’étude SOFRES précitée nous apprend, en outre, que 28% des français souffrent actuellement de douleur, ayant pour origine principale : la maladie pour 32%, les accidents pour 20%, les opérations pour 15%, les suites d’examens ou de soin pour 14%, le stress pour 6%, un effort physique important pour 5%, la grossesse ou l’accouchement pour 4%, et enfin la vieillesse pour 3% des individus en souffrance physique.

Les douleurs décrites sont à 21% des douleurs articulaires, à 14% des maux de dos, 11% des douleurs musculaires, ligamentaires ou tendineuses, 11% des douleurs osseuses, 4% des douleurs abdominales, et à 4% des douleurs neurologiques.

Concernant la perception de la douleur, elle n’est pas la même chez tous les individus. Sa composante cognitivo-émotionnelle fait de ce phénomène une expérience subjective et, par conséquent, assez relative dans son expression. Différents facteurs peuvent se révéler ainsi susceptibles d’influencer le rapport d’un sujet à la douleur :