A.2- Douleur chronique

A.2.1- Épidémiologie

On définit la douleur chronique comme une douleur persistant depuis plus de trois mois (IASP, 1994). Mais il s’avère très difficile de donner une définition plus précise. Certaines études tiennent compte en effet de toutes les douleurs, de la plus légère à la plus sévère, perdurant depuis plus de trois mois de façon fréquente. D’autres englobent aussi les douleurs, sans distinction d’intensité, persistant depuis plus de trois mois, mais ne s’exprimant que de façon ponctuelle et peu fréquente. D’autres enfin ne prennent en considération que les douleurs d’intensité au moins modérée, et faisant irruption plusieurs fois par semaine.

Il n’existe donc pas d’homogénéité dans l’évaluation de la douleur chronique. C’est ainsi qu’une enquête récente de menée par la SFETD (Société Française d’Etude et de Traitement de la Douleur) et rendue publique lors de la 2ème journée de prévention contre la douleur, en octobre 2007, compte 12 millions de français souffrant de douleur chronique. De son côté, une étude norvégienne de grande envergure, ayant enquêté sur la douleur chronique dans 15 pays d’Europe et en Israël, chez les individus de 18 ans et plus, a révélé que la douleur chronique toucherait 15% de français, soit entre 7 et 8 millions d’entre eux (Breivik et al., 2006).

Les critères d’inclusion au statut de douloureux chronique, pour cette dernière étude, étaient les suivants :

  • a souffert de douleur pendant au moins six mois,
  • a eu mal le mois précédent,
  • a eu mal au moins deux fois par semaine,
  • a évalué l’intensité de sa dernière expérience de douleur en date à au moins 5 sur une échelle de 10 points.

Selon cette même étude, 52% des douloureux chroniques seraient des femmes. L’âge moyen de la douleur chronique serait de 50 ans. La durée de la souffrance serait d’en moyenne 7 ans. 47% des douleurs citées sont des douleurs dorsales, 16% du genou, 15% de la tête, 14% articulaires, 9% de l’épaule, 8% du cou, 8% de la hanche, et 6% de la main.

La douleur chronique ainsi définie rendrait 32% des individus concernés incapables de travailler en dehors de chez eux (pour ceux qui travaillent encore, l’étude rapporte 7,8 jours (en moyenne) non travaillés les six derniers mois du fait de la douleur), 23% incapables de conduire, et 56% en difficulté pour trouver le sommeil.

La douleur chronique se présente donc aujourd’hui comme un vrai problème de santé publique, d’autant qu’elle se révèle particulièrement handicapante dans tous les registres de la vie physique, sociale, et psychique.