A.2.2- Symptômes et expression de la douleur chronique

Nous l’avons dit, la douleur chronique, sur le plan strictement médical, n’a pas de sens, dans la mesure où elle se trouve très éloignée d’une stimulation initiale, et qu’elle ne remplit plus sa fonction première de signal d’alarme, sauf à la considérer, comme une succession de douleurs aiguës (dans le cas d’un cancer, par exemple).

C’est la raison pour laquelle, pour nombre d’algologues, la douleur chronique est perçue comme une maladie à part entière entretenue par les différentes composantes entrant en jeu dans le système algique. Ainsi

‘“L’analyse d’une douleur persistante repose sur l’hypothèse que toutes les facettes peuvent avoir leur importance : composantes physiques, psychologiques et comportementales. Chacune peut être source d’entretien. À l’extrême, on peut envisager que la responsabilité de la cause initiale ait disparu et que la douleur persiste” (Boureau, 1986, p45).’

Pour Bourreau, l’entretien de la douleur s’apparente à un processus de conditionnement, de telle sorte que la douleur-maladie n’est, elle-même, plus considérée comme un phénomène isolé, mais directement corrélée à ce que Boureau appelle un “comportement douloureux”, susceptible d’être “modifié si on l’associe à des comportements incompatibles” (1986, p46).

Du fait de sa durée, la douleur persistante induit principalement une sensation d’épuisement, causée par les nombreuses stratégies compensatoires échouées. De cette expérience nociceptive à long terme découle en général une nette perturbation émotionnelle, ainsi qu’un comportement d’isolement social et/ou professionnel. Dans ce cadre, la famille est souvent appeler à se mobiliser autour du malade. Cette implication, faisant jouer à chacun des rôles inadéquats, entraîne fréquemment des tensions, ayant elles-mêmes une incidence sur la douleur.

Sur un plan physiologique, les symptômes douloureux sont susceptibles de conjuguer les modes d’expression de l’algie pathologique, décrite plus haut : hyperalgésie, allodynie, douleur spontanée.

Par ailleurs, il est à noter que ces trois modes d’expression de la douleur, quand ils sont vécus en post-opératoire, sont souvent prédictifs de la douleur chronique.

En outre, il semble que la douleur chronique implique particulièrement certains processus cognitifs :