B.1.2- Hypothèses

L’expérience clinique montre une efficacité de l’hypnose sur les douleurs aiguë et chronique. On peut donc penser que l’hypnose serait susceptible de générer un mécanisme antagoniste vis-à-vis des symptômes de la douleur chronique ou des symptômes collatéraux.

De même, les études neurophysiologiques concernant l’hypnoanalgésie (suggestion d’analgésie par hypnose) appliquée à la douleur expérimentale montrent des modifications spécifiques de l’activité métabolique cérébrale.

Cependant, très peu d’études (une seule, à notre connaissance) semblent avoir déjà exploré le substrat neuronal de l’action de l’hypnose sur la douleur chronique.

Mais, forts des précédentes études neurophysiologiques concernant la douleur aiguë, la douleur chronique, et l’hypnose, nous pouvons porter une attention particulière aux régions cérébrales suivantes : les cortex occipital, frontal, préfrontal, orbitofrontal, temporal et pariétal ; ainsi que le thalamus, SI et SII, l’insula, le CCA, et le precuneus.

Avec l’hypnose, notre hypothèse est celle d’une modification des anticipations négatives propres à la douleur chronique. Il s’agirait ici de créer un nouveau chemin cognitif, propre à moduler l’expérience douloureuse, à la manière des lunettes prismatiques évoquées plus haut, mais, peut-être, de façon plus durable.

  • Concernant le rapport éveil/hypnose, nous émettons l’hypothèse, défendue par Barber et Spanos (voir Michaux, 2004, p29), que l’impact de la suggestion reste le même, en état d’hypnose ou d’éveil. En effet, nous considérons l’hypnose de façon plus large qu’un simple “état induit”. Notons ici que Milton Erickson, le père de l’hypnose ericksonnienne telle que nous la pratiquons, qualifiait sa pratique de la suggestion en état d’éveil d’” hypnose conversationnelle”. Pour ce qui est de l’activité cérébrale métabolique, nous nous attendons, ainsi, à une similarité des phénomènes observés.
  • Concernant le rapport entre les suggestions directe et indirecte, nous émettons l’hypothèse d’une meilleure efficacité générale de la suggestion indirecte, et d’activations métaboliques bien distinctes. On peut s’attendre à un pattern d’activations des aires sensorielles dans le cadre de la suggestion directe (aires somesthésiques SI et SII), et des aires de traitement cognitivo-émotionnel dans le cadre de la suggestion indirecte (cortex préfrontal, système limbique).
  • Concernant le rapport entre les résultats des sujets suggestibles et non suggestibles, nous pensons confirmer les résultats des études précitées (Pascalis et al. 1999, Pascalis et al., 2007) montrant une meilleure efficacité de la suggestion chez des sujets suggestibles. Nous nous attendons ainsi à observer un pattern d’activations cérébrales moins intense, moins différencié d’avec les conditions de repos, chez les sujets non suggestibles.