B.4.2- Réseaux cérébraux en jeu dans les différents contrastes et conditions

État d’hypnose

En premier lieu, on trouve, dans notre étude concernant l’impact de l’hypnose sur la lombalgie chronique, certaines similitudes avec l’augmentation d’activité cérébrale caractérisée dans l’action de l’hypnose sur la douleur expérimentale, par l’équipe de Faymonville (2000, 2003, 2006), notamment, dans le cortex préfrontal, l’insula, et les ganglions de la base, avec une prédominance dans l’hémisphère gauche.

On observe aussi une diminution d’activité au sein des lobes temporaux et pariétaux, ainsi que du precuneus, ce qui confirme les travaux de Rainville et al. (2004) et Faymonville et al. (2006).

En revanche, notre étude montre certaines différences avec les travaux précités :

D’abord, nos résultats ne témoignent pas d’activations significatives du thalamus et du cortex cingulaire antérieur (CCA). À ce sujet, notre hypothèse est la suivante : Les douloureux chroniques, nous l’avons vu, sont souvent touchés par certains troubles cognitifs, en particulier au niveau de l’attention. C’est ainsi qu’Honda et al. (2007) montrent une diminution du DSCr au niveau du CCA, connu pour son implication dans les processus attentionnels, chez les sujets souffrant de douleur chronique, en comparaison avec une population témoin. Si le CCA, chez les douloureux chroniques, connaît habituellement une baisse d’activation, on peut supposer que, s’il est stimulé lors de l’hypnose, son activation reviendra à un seuil “standard”. C’est peut-être la raison pour laquelle notre étude ne témoigne ni d’une augmentation d’activité de cette région, telle que décrite en hypnoanalgésie chez des sujets sains, ni d’une diminution d’activité, telle que décrite chez des douloureux chroniques sans le bénéfice de l’hypnose. Concernant le thalamus, connu pour son action sur la transmission de l’information, on peut, sur la même base, émettre l’hypothèse que l’activité thalamique, en relation avec le système mnésique, serait mise à mal chez les lombalgiques chroniques (hypothèse non démontrée à notre connaissance), et que ce déficit pourrait se voir pallié grâce à l’hypnose, ramenant son activité à la normale.

En revanche, les données obtenues dans notre étude ne montrent pas d’activation au niveau du cortex occipital, telle que décrite chez les auteurs précités (Faymonville et al., 2000, 2003, 2006 ; Rainville et al., 1999, 2004).

Ce résultat peut provenir de l’absence de contrôle de l’état de repos du patient, susceptible alors de laisser son esprit vagabonder et de se trouver en situation d’imagerie mentale proche de celle créée par la suggestion d’analgésie, activant ainsi le cortex visuel dans les deux états.

Par ailleurs, l’observation des activations métaboliques spécifiques à la condition d’hypnose met en évidence plusieurs réseaux correspondant à l’état hypnotique des lombalgiques chroniques, décrits dans la littérature : D’abord, le réseau de la modulation cognitivo-émotionnelle de la douleur, puis celui du système de la récompense, ensuite, le réseau de l’empathie et de la conscience de soi. Ces réseaux ont en commun une forte mobilisation cognitivo-émotionnelle.