Suggestion Indirecte vs Suggestion Directe

On note ici une augmentation du DSCr exclusivement dans l’hémisphère droit pour la suggestion indirecte, et gauche pour la suggestion directe, suggérant une analgésie reposant davantage sur un processus d’”auto-persuasion pragmatique” du côté de la suggestion directe, et un processus de “rétroaction symbolique” du côté de la suggestion indirecte. Cependant, il est à souligner que cette nette dichotomie droite/gauche ne s’observe que dans le contraste “Hypnose-Repos1”, laissant penser que la teneur de la suggestion prend plus d’ampleur et de dimension lorsqu’elle est communiquée sous hypnose.

En outre, ces résultats montrent aussi un pattern d’activation corticale exclusivement antérieur, avec une modification métabolique supplémentaire au niveau sous-cortical (noyaux lenticulaires et amygdale) dans le cas de la suggestion indirecte, laissant penser, à moindre échelle, aux réseaux précités de la récompense et de l’empathie (Decety, 2005). On peut ainsi proposer une analogie entre l’état d’hypnose comparé à l’éveil, et la suggestion indirecte comparée à la suggestion directe, avec, peut-être, une modulation douloureuse sous-tendue par un processus émotionnel du côté de l’hypnose et de la suggestion indirecte, et par un processus cognitif du côté de l’éveil et de la suggestion directe.

Cette hypothèse peut se voir confortée par l’observation des modifications du DSCr communes à “Hypnose-Repos1” et à “Éveil-Repos1”. En effet, il apparaît ici une augmentation au niveau insulaire antérieur bilatéral et temporal droit dans le contexte de suggestion indirecte, laissant penser à une action d’ordre davantage associatif et émotionnel. D’autre part, on note des modifications métaboliques au niveau orbitofrontal et occipital dans le contexte de la suggestion directe, laissant à nouveau supposer une expérience d’analgésie relative au contrôle du mouvement. On observe également une diminution du DSCr, lors de la suggestion indirecte en état d’hypnose, par rapport à l’état d’éveil, suggérant une “mise en sommeil” des fonctions exécutives.

Enfin, il n’est que dans le cadre de la suggestion indirecte que l’on observe une diminution du DSCr au niveau du precuneus et du cuneus, lors de l’hypnose, en comparaison avec le repos la succédant (Repos3). Cette diminution implique probablement une perte de la conscience de soi, évoquant une position plus passive, ou plus réceptive, lors de la suggestion indirecte, génératrice des phénomènes d’absorption mentale et d’automaticité précédemment décrits.