C.4- Discussion

Parmi ces résultats d’analyse anatomique soit par mesure de l’atrophie cérébrale, soit par mesure de la diffusivité, on observe essentiellement une atrophie de la substance blanche au sein des cerveaux des patients lombalgiques chroniques en comparaison avec les sujets sains. De plus cette atrophie du cerveau dans son entier est directement corrélée avec leur évolution en âge. Concernant les sujets témoins, au contraire, le volume de SB n’est pas corrélé avec l’évolution en âge. Ces résultats suggèrent un phénomène d’accentuation des dommages cérébraux de la douleur-maladie au fur et à mesure du temps.

Pour ce qui est de la mesure de la connectivité et des caractéristiques de diffusivité, celle-ci n’a pas démontré de distinction entre les deux populations étudiées. La connectivité entre les régions cérébrales impliquées dans la douleur chronique ne semble donc pas atteinte. Il en est de même pour la densité de fibres.

Enfin, l’analyse statistique de la diffusivité montre une différence, non significative, sous forme d’augmentation de la FA chez les patients, en comparaison avec les témoins. On peut supposer de cette augmentation qu’elle témoigne probablement d’une atteinte qui n’est pas perceptible au niveau “fin” de la diffusivité, mais qui le devient à l’échelle plus globale du volume du cerveau, montrant alors une atrophie très significative de la SB.

Notons aussi que cette dégénérescence de la SB en corrélation avec l’évolution en âge n’est pas sans rappeler certaines maladies neuro-dégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer (Rusina et al., 2007).

Nous l’avons vu, la douleur chronique implique tant des troubles cognitifs (Moroni et al., 2006), qu’émotionnels (Bär et al., 2005), ou que neurophysiologiques (Apkarian et al., 2005 ; Honda et al., 2007). On peut ainsi se poser la question de quel système est venu impacter l’autre. Notre hypothèse est celle d’une co-évolution biopsychosociale de tous ces systèmes vers la douleur-maladie.