La main gauche de Dieu

Ni Gorgone ni Aphrodite, Janus, dans la mythologie grecque, avait deux visages, l’un tourné vers le passé et l’autre vers l’avenir. Cette métaphore est intéressante car le risque, lorsqu’il est néfaste, agit d’une façon très subtile : il ne détruit pas le futur, mais fige le présent dans la contemplation du passé. En effet, les agents des PED, pour se préserver du risque, sauvegardent l’avenir ; ils gardent des taux d’épargne élevés et investissent dans des pays et des actifs à faible risque. Le risque permet donc l’union entre le passé besogneux mais économe et le futur encore plein de promesses.

Non pas la main invisible d’Adam Smith qui, au moins, semble propice pour certains et fait secrètement le bien du plus grand nombre, le risque se présente universellement négatif mais, dans le temps, et de façon souterraine, il crée les bases pour un avenir meilleur.

Pour pouvoir rendre présent cet avenir, faire tomber les masques de Janus, réaliser ces promesses toujours renouvelées mais rarement accomplies, une nouvelle politique économique doit être mise en œuvre dans les PED. Leurs États doivent gérer les risques non par défaut mais par dessein. De même, dans les pays développés les États doivent encourager la prise de risque, de peur de voir s’étioler leurs économies et s’évanouir leurs prospérités.