Nous pensons que les apports sont à deux niveaux : le premier, théorique, offre un point de vue sur le paradigme en cours d’éclosion, le second, pratique, utilise ce substrat pour une solution pratique, immédiate et efficace pour dynamiser les économies des PED.
Le premier chapitre est presque totalement consacré à la mise en valeur du paradigme. Ce chapitre utilise des notions bien connues. Sa seule originalité est de les avoir disposées de façon à faire apparaître le paradigme déjà bien établi dans des disciplines voisines (la finance par exemple) ou dans certains projets comme celui des institutionnalistes, et à les mettre en œuvre pour analyser la situation des PED. La première section décrit trois théories de la décision en situation de risque. Celles-ci montrent que le paradigme antérieur (la recherche du profit permet d’atteindre l’optimum social) est inapplicable et même contre-productif dans les PED. Elles montrent également l’importance de l’échange de risque et, par suite, l’utilité voire l’absolue nécessité des institutions pour faciliter cet échange.
Parmi les différentes institutions nous avons choisi d’en traiter trois : l’État, les entreprises et le crédit. Ce dernier, beaucoup plus au cœur de notre thèse, est étudié plus longuement au deuxième chapitre qui, en revanche, est plus original11. En utilisant le nouveau paradigme, nous reconsidérons des concepts, des organismes et des mécanismes liés au crédit. Plus précisément, c’est une autre définition de la monnaie et du crédit, une nouvelle analogie pour les banques, une politique monétaire sans monnaie nationale et une réforme du droit de la faillite qui sont proposées et défendues. Ces divers jugements et suggestions visent, en optimisant le circuit du crédit, à améliorer l’échange du risque entre agents. À la différence du premier chapitre dont la visée était théorique, celui-ci propose des solutions et de nouvelles approches de problèmes pratiques.
Mais la contribution la plus importante se trouve au dernier chapitre. Le Certificat hypothécaire a le potentiel de bouleverser les économies des PED (et peut-être celles des pays développés) tout comme l’avait fait, dans les pays d’Europe, l’invention du papier-monnaie au xviii e siècle. L’idée en vérité est simple : il s’agit pour les propriétaires de biens immobiliers de participer, à faible risque, au risque global des banques commerciales.
La difficulté consistait à trouver l’instrument juridique. La solution que nous avons adoptée est la conception d’un véhicule sui generis ayant de grandes ressemblances avec le cautionnement réel et lui empruntant sa solidité juridique. Nous l’avons nommé Certificat hypothécaire, afin de refléter à la fois l’existence d’un titre et sa nature de garantie hypothécaire. Pour bien faire, il aurait dû être appelé Dépôt de certificat hypothécaire puisqu’il n’a d’existence que s’il est déposé auprès d’une banque commerciale. La commodité l’a emporté sur la précision
Nous avons dans ce dernier chapitre étudié les aspects juridiques et administratifs du Certificat, la liaison avec les autorités monétaires, les considérations sectorielles et le cadre macroéconomique.
Avant d’aller plus loin, il convient d’avoir à l’esprit la puissance considérable de cette création. Prenons le cas libanais pour cet exercice. Sachant que le patrimoine immobilier au Liban représente 20 fois les crédits bancaires au secteur privé, 16 fois le PIB et 22 fois le montant maximum que la Banque mondiale peut accorder à un pays donné, si une partie modeste était mobilisée pour de nouveaux crédits au secteur privé et une portion de ceux-ci convertis en nouveaux investissements productifs, l’économie libanaise pourrait être totalement transformée. Dans le modèle utilisé au dernier chapitre, avec des hypothèses très conservatrices, le Certificat entraîne un doublement du PIB libanais en sept années.
. Après avoir rédigé cette thèse, nous avons lu l’ouvrage impressionnant de Stiglitz et Greenwald (2005). Nous n’avons pu en extraire des éléments et les intégrer que sous forme de notes de bas de page. Mais il confirme notre thème central et un grand nombre de nos intuitions.