Investissement et production nationale

Tous les économistes s’accordent à relier l’investissement avec la production actuelle. C’est une évidence indiscutable.

La formule consacrée (et simplifiée) est Y= C+I. Toutes choses égales par ailleurs, lorsque I augmente, Y augmente aussi. Lorsque les agents d’un PED investissent dans ce pays plutôt que de placer leurs avoirs auprès d’une banque suisse, la production nationale croît. De fait, elle progresse immédiatement, mais aussi à long terme par les revenus que génère dans le temps cet investissement. Toutefois, nous allons utiliser la perspective développée ci-dessus pour donner à cette évidence un éclairage différent.

Tous les investissements n’ont pas le même résultat : une buvette, toutes proportions gardées, et en rémunérant correctement les facteurs, rapporte moins qu’une usine de processeurs électroniques. Pour être plus précis, la valeur ajoutée rapportée au capital sera bien plus faible dans la première que dans la seconde. Or la valeur ajoutée est la contribution d’une entreprise au Produit intérieur brut (PIB). Pour parler simplement, si tous les investissements dans un pays étaient dans des buvettes, le PIB serait inférieur à ce qu’il serait s’ils étaient tous dans des usines de composants électroniques. D’un autre côté, les buvettes ont un rendement qui est plus stable que celui des usines de composants. En fait, le risque spécifique des buvettes est beaucoup plus faible que celui des usines de composants. Idéalement donc, un pays devrait, comme un investisseur avisé, investir le maximum dans des actifs très risqués et suffisamment décorrélés. Si le pays investit uniquement dans des actifs faiblement risqués, le risque spécifique sera faible, mais le rendement le sera aussi.

Supposons maintenant que le PIB soit fonction de la plus-value des investisseurs définie comme la différence entre les équivalents certains payés (les investissements) et les espérances mathématiques correspondantes. Cette supposition a quelques bases : l’équivalent certain est le montant que l’investisseur est prêt à payer, l’espérance mathématique est le rendement que l’investisseur aura, s’il a une multitude de paris identiques. Si donc un pays est assimilé à un investisseur unique, la moyenne des surplus réalisés tendra à se rapprocher de l’espérance mathématique moins l’équivalent certain. Ainsi, si l’on reprend le graphique 6, on voit tout de suite que la surface qui s’étend entre la courbe de risque et l’espérance, et limitée par le croisement avec la courbe de demande, est bien plus réduite lorsque la courbe est plus aplatie. Certes, cette démonstration graphique est approximative et les investissements ne sont pas nécessairement répartis de manière régulière le long d’une courbe, mais cela nous montre qu’à investissements égaux dans deux pays, celui où opèrent des agents plus entreprenants, moins timorés, pouvant prendre plus de risques et dont l’environnement est assez sûr, se développera bien plus vite que l’autre pays.

Pour nous résumer sur le risque et ses effets sur l’activité économique, les PED ont certaines particularités qui les mettent systématiquement perdants dans la course économique :