Est-ce la fin de l’histoire ? Les pays à risque sont-ils condamnés à traîner éternellement leur misère ? Paradoxalement, l’existence du risque permet à ces nations, par une ruse de la nature, de maximiser leurs chances de rattraper, un jour, leur retard. Nous énumérerons ici quelques-unes de ces stratégies collectives.
Pour résumer par un paradoxe et contrairement à ce qu’affirme Ragnar Nurske, les pays pauvres le sont parce qu’ils ignorent qu’ils sont riches64. Le retard de développement et les crises des PED ne sont peut-être pas dus à une pénurie de capitaux, mais à une mauvaise organisation juridique et administrative et à un environnement incertain. C’est ce cadre qu’il s’agit de modifier pour que les PED, non seulement accumulent de la richesse pour être un jour à niveau, mais, ici et maintenant, en profitent sans s’appauvrir, et s’insèrent dans le groupe des pays prospères.
. Une part substantielle de cette réserve est constituée par des actifs immobiliers.
. Pour la plupart des entreprises, à chiffre d’affaires identique un capital (propre et emprunté) beaucoup plus important doit être mobilisé dans un pays émergent. Pour prendre l’exemple d’un supermarché, en France le stock moyen y est de quatre jours, au Liban il est de vingt-cinq jours. Dans un autre contexte, les formalités douanières sont de plus d’une semaine dans la plupart des PED, alors qu’elles sont faites à Singapour avant même l’arrivée des marchandises, ce qui signifie qu’un capital équivalent à une semaine d’importation est immobilisé dans les PED du fait de l’inefficacité des administrations douanières. En revanche, du fait de la faible concurrence, le rendement des capitaux y est plus élevé.
. Pour une explication simple du toyotisme voir Womack (1991).
. Assidon (2002), citant Nurske : « Un pays est pauvre parce qu’il est pauvre » (p. 11).