Que le risque soit important pour le développement et la richesse des nations semble assez établi. Nous avons cependant considéré un seul type de réaction face au risque : l’abstention.
D’autres comportements sont possibles. Ce sont même les plus fréquents – du moins dans les groupes socialisés. C’est en effet par l’échange que les individus gèrent au mieux leurs risques. L’échange de risque est certes bien étudié par la théorie des assurances65. Notre perspective ici est moins précise et plus globale. Nous pensons que dans une économie, formellement ou informellement, par des contrats d’assurance spécifiques ou des arrangements relevant d’autres domaines, les agents acquièrent et cèdent du risque. Ainsi, de même que les économistes du capital humain, à l’instar de Becker (1981)66, avaient appliqué le calcul microéconomique à des institutions comme le mariage, on devrait intégrer le risque à ce calcul. Si tel devait être le cas, on aurait bien un réseau global dans lequel chacun serait à la fois acheteur et vendeur de risque, en fonction de sa situation personnelle, gérant en quelque sorte un portefeuille de risques. Néanmoins, compte tenu du champ de notre thèse, nous n’irons pas au-delà de cette remarque globalisante et notre propos se limitera aux échanges en vue d’investissements.
Dans la section précédente, nous avions établi que les PED étaient, dans leur développement, quasiment déterminés par le niveau de leur risque. Nous avions aussi noté que ces pays s’étaient dotés des capacités d’accélérer si les circonstances se modifiaient et devenaient favorables. Nous allons dans cette section exposer comment les agents, en échangeant le risque, peuvent accroître l’utilité collective. Nous montrerons ainsi l’utilité des institutions, spécialement lorsque le risque est élevé. Toutefois, nous n’aborderons ici que l’échange effectif et non pas l’échange d’information, qui, dans le risque, est primordial. Cela explique en effet comment les paniques et les ruées se développent. Notre ambition sera donc bien modeste ; nous nous contenterons de présenter un exemple d’échange de risque et nous conclurons par l’énumération des conditions qui rendent le processus efficace.
. Mais les économistes semblent s’arrêter au secteur de l’assurance. Borch (1970), par exemple, minimise les arrangements privés de partage de risque : « In practice it does not often happen that a group of people negotiate a scheme for sharing risks, i.e. create their own insurance arrangement… »
. Becker (1981, 1991).