3. Les contreparties du risque

Si l’on pouvait mesurer tous les risques que court un individu, nous aurions probablement un grand nombre de petits risques et un petit nombre de grands risques. Si l’on devait figurer cela par un schéma, on aurait :

Graphique 20 : Distribution des risques en fonction de la conséquence
Graphique 20 : Distribution des risques en fonction de la conséquence

Et s’il devait optimiser sa fonction de risque, il devrait essayer de trouver des contreparties pour échanger (comme nous l’avons vu plus haut) sous la contrainte que les coûts des transactions soient inférieurs à l’accroissement de l’utilité.

Or nous pouvons présumer que les coûts ne seront que faiblement proportionnels à la conséquence.

Graphique 21 : Distribution des risques et coûts de l’échange
Graphique 21 : Distribution des risques et coûts de l’échange

Nous pouvons donc inférer trois zones pour les Échanges : la zone [B, ∞] dans laquelle aucun Échange n’est intéressant parce que les coûts de transaction ne le justifient pas, une zone [A,B] où cela peut être profitable pour les deux parties, et une zone en deçà de A qui requiert une mutualisation généralement accessible uniquement aux États.

Ainsi, on aurait trois types de transaction sur le risque : ceux où l’individu s’auto-assure, ceux où il trouve une contrepartie et ceux où il compte sur l’État. Plus on se déplace vers la gauche, plus on a besoin d’une contrepartie de grande taille et, inversement, cette contrepartie a également besoin d’étaler son risque sur un grand nombre de cas.

Pour simplifier : l’agent prend lui-même le risque d’une piqûre de moustique, il prend un emploi auprès d’une PME, il s’assure contre les incendies auprès d’une grande compagnie d’assurance, il s’attend à ce que l’État le protège en cas de guerre et il pense que tous les pays du monde s’uniraient pour assister son pays s’il subissait un tremblement de terre.

Nous pouvons donc en tirer comme deuxième conclusion que la nécessité et l’avantage d’échanger les risques favoriseront l’apparition et le développement de certaines contreparties avec la règle suivante : plus grand sera le risque, plus la contrepartie devra l’être67.

Notes
67.

. Nous verrons dans la section suivante qu’une approche par le risque permet de mieux concevoir le rôle de l’État et de concilier la demande d’État et les appréhensions sur son interventionnisme.