Ce qui a peut-être occulté l’aspect prévalent du risque est le fait que dans un certain nombre de cas « l’assureur » n’a pas du tout l’impression de couvrir un risque : il a l’impression d’offrir un service. Supposons un voyageur qui arrive dans une ville inconnue ; il peut dormir dans un hôtel ou sous un pont. Dans le deuxième cas, il risque de mourir de froid, être agressé ou tout simplement arriver en mauvais état à son rendez-vous. Pour ce voyageur, le choix de l’hôtel était aussi un arbitrage de risque. L’hôtelier en revanche n’a pas le sentiment d’assurer quelque chose (sauf au sens figuré).
Dans chacune des situations, dans chacune de nos actions, nous sommes confrontés au risque. C’est l’une des matrices de notre vie. Et Nietzsche (1874) d’ailleurs ajoute : « Vivre, c’est être en danger. » Notre vie consiste en grande partie à gérer les risques, ce que nous faisons en adoptant des comportements plus sages : nous ne buvons pas en conduisant, nous fumons moins, nous ne mangeons plus de poulet depuis deux mois96… ou nous trouvons des assureurs.
Le risque, dont nous avons montré qu’il était le mieux géré et le mieux assumé par les entreprises, explique que des transactions qui, en apparence, ne sont pas risquées, sont néanmoins offertes en priorité aux entreprises. Ainsi, le voyageur précédemment cité préférera une société qui a un hôtel, plutôt qu’un particulier qui le logerait.
. … à l’époque de la grippe aviaire.