Le circuit du risque

Envisagé sous cette perspective, le risque apparaît comme un flux souterrain qui anime chacune des transactions et transite fréquemment par certains points – il ne faut pas confondre le courant du risque avec celui des transactions, les deux circulent de pair mais ne sont pas toujours en rapport.

Si donc nous devions dresser une image de ce flux (à l’instar de ces radios médicales qui représentent le circuit sanguin), nous verrions des tâches très sombres qui sont les entreprises et parmi celles-là certaines presque noires : les assureurs et les banques ; des points de passage obligés et d’autres périphériques. Nous pourrions observer aussi comment les divers types de risque se distribuent entre les intervenants ainsi que les liaisons entre ceux-ci. Peut-être pourrions-nous même avec des images successives mesurer l’accroissement de l’importance d’un de ces nœuds.

De façon contre-intuitive, l’accumulation de risque chez un agent le rend plus efficace pour le gérer et plus attrayant pour un autre qui cherche à s’assurer : c’est le mimétisme positif – plus les gens font confiance à quelqu’un, plus il mérite cette confiance. Par suite, et pour peu que les déséconomies d’échelle et les coûts de transaction le permettent, une fois atteinte une certaine taille critique – la taille de la confiance – les entreprises ont vocation à grandir infiniment.

D’un autre côté, la disparition d’un centre entraîne un ébranlement de tout le système. Plus le nœud est important, plus son maintien ou à tout le moins son remplacement progressif est vital.