Conclusion du chapitre 1

Peut-on, à partir des règles de comportement en situation de risque, déduire les politiques nécessaires pour les PED ?

C’était là l’enjeu de ce chapitre. Nous avons donc commencé par exposer trois théories de la décision. Nous en avons conclu que l’évitement était la stratégie la plus fréquemment utilisée mais aussi la moins optimale, qu’elle tendait en particulier à enrichir les pays les plus développés et à appauvrir les plus pauvres. Une alternative, la collaboration, est possible à la condition de disposer d’institutions solides, crédibles et peu coûteuses. Au demeurant, la nécessité absolue d’une bonne qualité des institutions n’est pas chose nouvelle. Depuis plusieurs années déjà, économistes et organismes internationaux insistent auprès des gouvernements des PED pour qu’ils réforment leurs institutions.

Malheureusement, d’une part, celles-ci ont une forte tendance à la dépendance de sentier et, d’autre part, leur qualité doit être appréciée relativement. Il en va des États comme des entreprises : il faut essayer d’être le meilleur ou d’avoir une offre unique pour être distingué.

Paradoxalement donc, le risque est peut-être le meilleur mobile à l’action : c’est parce que les agents veulent le réduire qu’ils recourent aux institutions. C’est parce que les gouvernements voient fuir leurs citoyens et s’amenuiser leur contrôle, qu’ils réforment ces institutions.

Ainsi, tant la cause des institutions que celle du recours à elles est le risque. De surcroît, l’échange en vue de la réduction de risque favorise la division de travail et, par suite, la productivité.

Le risque est donc bien, comme l’indiquait le titre de notre chapitre, structurant et civilisateur, créateur d’institutions et force sous-jacente au progrès, non pas raison, mais cause efficiente de la civilisation.

Nous avons ensuite présenté les trois institutions primordiales pour la gestion du risque : l’État, les entreprises et le crédit. Toutes trois forment le triptyque essentiel à la prospérité des nations. L’État est le producteur de règles, le modèle et l’assureur en dernier ressort, les entreprises sont les nœuds dans le circuit du risque et le crédit irrigue l’ensemble du circuit.

Les PED souffrent d’un handicap dans ces trois types d’institutions, et ce sont aussi celles qui peuvent le plus facilement être réformées parce que cela ne porte pas atteinte aux particularismes ethniques ou culturels.

Par ailleurs, toute réforme des institutions devrait être fondée sur l’apport en matière de gestion des risques. C’est en effet à titre principal et non pas accessoire qu’elles doivent réduire l’incertitude. Une telle démarche serait certainement très féconde à la fois en économie et en sciences politiques. Mais nous avons pleinement conscience qu’il s’agit à peine d’une esquisse de ce que serait une étude sur ce sujet capital.

Dans la poursuite de notre thèse, nous porterons notre attention sur le crédit, sur son interaction avec le risque et sur les moyens de le réformer dans un PED.