Une synthèse de la « credit view » et de la « money view » et présentation du modèle CC/LM

Les deux conceptions (credit et money view) sont-elles conciliables ?

Nous avons pris un schéma de Kuttner et Mosser (2002)110 qui résume très bien les deux points de vue et qui montre les enchaînements monétaires et de crédit.

Schéma 1 : Synthèse de la « credit view » et de la « money vew »
Schéma 1 : Synthèse de la « credit view » et de la « money vew »

Comme on le voit, à partir du choc initial (Open Market dans l’exemple), les effets crédit se diffusent à la demande finale par la disponibilité du crédit (partie gauche) et les effets monétaires par le taux d’intérêt réel, le cours de change et les prix relatifs (partie droite). Les effets de richesse interviennent à la fois dans le canal large et de façon autonome.

En ce qui concerne la modélisation de cette synthèse, elle a été faite dans le modèle appelé CC-LM. Il diffère du modèle IS-LM traditionnel par l’introduction des prêts bancaires considérés comme non substituables aux titres. La raison en est que certains agents, comme les ménages et les petites entreprises, n’ayant pas accès au marché des titres, doivent se financer auprès des banques.

Les équations du modèle sont :

Pour LM : i = i(Y,H) avec i’(Y) >0, i’(H) < 0

Pour CC : Y=Y[i, f(i,Y,H)] avec Y’(i) < 0, Y’(H)>0

L’équilibre global peut ainsi être figuré par le graphique ci-dessous :

Graphique 25 : Modèle CC-LM
Graphique 25 : Modèle CC-LM

Alors que la politique budgétaire a sensiblement les mêmes effets dans les deux modèles, la politique monétaire produit des effets différents puisque les deux courbes se déplacent à la suite d’une variation de la quantité de monnaie. En cas d’augmentation, LM se déplace vers la droite tout comme CC. Contrairement au modèle IS-LM, une politique monétaire expansionniste génère un plus grand accroissement de revenu mais aussi une augmentation du taux d’intérêt111.

Dans le cas des PED, le marché financier étant généralement peu développé, seule une approche CC-LM ferait sens. Dans ce cas, le crédit local serait assimilé au crédit bancaire alors que l’extérieur et le crédit interentreprises seraient l’analogue du marché financier dans les pays développés. Cependant nous ne connaissons pas d’études ayant adopté cette méthodologie.

Notes
110.

. Kuttner et Mosser (2002), p. 16.

111.

. La présentation précédente est tirée de l’ouvrage Économie Monétaire et Financière de Jean-François Goux (1995), p. 168-172.