La transmission au secteur réel

Dans les PED, le rationnement opéré par les banques se transmet majoritairement de deux façons.

Le crédit aux ménages et le financement des investissements sont peu développés dans les PED. Les banques financent donc surtout les fonds de roulement : créances clients et stocks. Lorsque les banques rationnent, les entreprises sont forcées de réduire leurs créances et leurs stocks. Outre l’impact direct, la réduction de stocks a un effet indirect. En effet, en raison de la très grande dépendance économique des PED et de leur mauvaise organisation, une réduction de stocks entraîne inévitablement des pertes d’opportunités parce que l’offre n’est plus homogène, certains biens complémentaires manquant dans l’offre (effet bundle).

Lorsque les banques rationnent, même si le taux d’intérêt ne change pas, les entrepreneurs doivent inclure dans leurs calculs la réduction de la part des ressources empruntées et l’accroissement du taux d’intérêt pondéré (Weighted Average Cost of Capital ou WACC) que cela induit. Un exemple illustrera cet effet : soit une entreprise dont les ressources sont composées à 80 % par des emprunts et 20 % par du capital, le coût des premiers étant de 7 %, celui du second de 14 %. Le WACC est dans ce cas de 8,4 %. Si les banques réduisent leur financement d’un huitième, les emprunts se réduisant à 70 %, le WACC passe alors à 9,1 %. Le taux d’intérêt effectif aura donc changé alors qu’en apparence tout est resté identique. Par un effet Keynes, les entrepreneurs réduiront leurs investissements (et leur consommation à cause de la prime de liquidité).

Schéma 2 : Enchaînement d’une crise de crédit
Schéma 2 : Enchaînement d’une crise de crédit