De la difficulté pour un PED d’avoir une politique monétaire

En matière monétaire, le premier choix à faire par un PED est celui du change148 :

  • faut-il adopter une dollarisation complète ?
  • faut-il avoir un Currency Board ?
  • faut-il avoir un cours de change fixe ?
  • faut-il avoir un cours de change flexible ?

Ce choix a presque un caractère existentiel : une monnaie nationale était pour les pays récemment décolonisés le signe de l’indépendance et garde à ce jour le parfum de la souveraineté nationale. Mais par ailleurs, la stabilité des prix intérieurs est vitale pour les classes moyennes qui sont généralement la colonne vertébrale des PED, et une faible volatilité du cours de change est (du fait qu’il est souvent difficile de se couvrir contre le risque de change) une condition sine qua non pour les investisseurs étrangers.

Nous avons donc quatre possibilités : dollarisation complète, à l’instar du Panama (mais aussi des pays de la zone Euro), Currency Board, change fixe et change flexible. Chacune détermine le type de politique monétaire qui peut être mené.

La tradition veut en effet qu’en l’absence d’une monnaie nationale on ne puisse pas avoir de politique monétaire. Par ailleurs, le théorème de Mundell enseigne qu’en change fixe avec ou sans Currency Board et si l’on veut avoir une liberté des capitaux, il soit impossible d’avoir une politique monétaire autonome. Le dernier cas semble interdire aux pays ayant une économie faible d’avoir une politique monétaire qui ne soit pas totalement subordonnée à la politique de change. La raison en est simple : une baisse du cours de la monnaie locale devient vite une descente aux enfers ; pour les investisseurs étrangers et même locaux, un régime de change flexible implique des coûts supplémentaires de hedging et, enfin, toute variation à la baisse de la monnaie locale apparaît au public comme une preuve de mauvaise gestion, ce qui oblige les autorités, de facto, pour des raisons politiques, à avoir un régime de change fixe.

Il semble donc que les PED ne puissent pas avoir de politique monétaire149. Nous verrons plus loin que cette conclusion est un peu hâtive.

Notes
148.

. On pourra se reporter pour une perspective exhaustive de la question à Allegret (2005).

149.

. Cela à la limite semble être un moindre mal, compte tenu de la compétence parfois limitée des autorités monétaires dans les PED et de leurs moyens insuffisants.