Le risque de passif

On sait que le risque de passif pour une banque est celui qu’un certain nombre de déposants retirent soudainement leurs dépôts ou que les clients emprunteurs ne remboursent pas aux échéances alors que les liquidités sont insuffisantes pour satisfaire la demande. Les banques centrales devraient, dans cette situation, agir en PDR éventuellement en suivant les règles classiques de Bagehot.

Mais c’est une action de dernier recours et qui se traduit pour les banques par une perte d’indépendance, surtout dans les PED où parfois un peu de cronyism rend la main de l’État un peu lourde à l’égard des entreprises non-amies.

L’injection de liquidités en amont par l’Open Market ou par les niveaux de réserves obligatoires ne semble pas non plus pleinement satisfaisante parce que, d’une part, les banques centrales n’ont pas toujours la technicité nécessaire pour faire cette injection au bon moment et pour les bons montants et, d’autre part, parce que cette injection est perçue comme momentanée (lorsqu’elle ne l’est pas effectivement).

Une autre technique consisterait à acheter aux banques du risque « senior ». La banque centrale proposerait aux banques, suivant certaines règles d’éligibilité, d’acheter, dans leur portefeuille de créances, un certain pourcentage du risque, sous condition que celui qui est conservé par les banques soit subordonné à celui qui a été acquis. Nous allons expliciter cela par un exemple.

Soit un portefeuille éligible, auprès d’une banque, de 1 milliard d’euros et dont le taux moyen de rendement est de 7 %. La banque centrale achèterait 10 % en risque senior au taux de rendement de 4 %. Ainsi la banque commerciale se retrouverait avec une liquidité supplémentaire de 100 millions d’euros et des revenus amputés de 4 millions d’euros, son portefeuille aurait désormais un rendement moyen de 7,33 % et elle aurait un profil de risque quasiment équivalent puisque les 90 % sont juniors par rapport aux 10 %. Pour la banque centrale, il y a peu de risques dans ce financement senior (il faudrait que le portefeuille diversifié subisse une perte supérieure à 90 % pour que la banque centrale perde de l’argent) et la banque centrale peut elle-même refinancer cet apport auprès d’institutions internationales comme les autres banques centrales, la Banque Mondiale ou le FMI. L’un des grands avantages de cette technique est d’éviter de passer par les créances de l’État et de passer plutôt par des créances au secteur privé.