b) Les relations entre l’immobilier et l’économie

Selon la théorie, l’appréciation de l’immobilier se transmet à l’économie par trois canaux.

Le premier est celui de l’activité de construction : lorsque la demande pour l’immobilier augmente, les prix suivent, la construction croît, ce qui entraîne plus d’emploi, de consommation de matériaux, etc. Un avantage supplémentaire pour une économie de ce facteur de croissance est le fait que le secteur est comparativement abrité. En d’autres termes, la plus grande partie de l’accroissement de l’activité se traduit par des emplois internes – il y a peu de fuites vers l’extérieur par les importations. L’essentiel de la croissance dans le secteur du bâtiment profite à l’économie nationale.

Le deuxième canal de transmission est celui des anticipations : l’appréciation de l’immobilier peut signaler une amélioration de l’activité, ce qui, par les anticipations entraîne une croissance économique.

Le troisième canal est celui de l’effet richesse :

les ménages ont tendance, s’ils perçoivent cet enrichissement comme durable, à accroître leur consommation courante à la suite de cette hausse du « revenu permanent » ;

les garanties immobilières offertes aux banques augmentent en valeur, ce qui pousse celles-ci à prêter davantage (réduction des coûts d’aléa moral ou de sélection adverse)253.

Nous ajouterons également que le prix de l’immobilier est un facteur non négligeable dans l’attitude face au risque des agents économiques et celle-ci, comme nous l’avons vu dans notre premier chapitre, est un déterminant essentiel de l’activité économique et par conséquent du PIB254.

Tout cela explique l’inquiétude des économistes et des politiques lorsqu’ils pressentent la possibilité de l’éclatement d’une bulle immobilière et son dégonflement ultérieur. Touati (2005) conclut ainsi son article : « Mais le drame ne s’arrêtera pas là, dans la mesure où aucune économie ne peut sortir indemne d’un repli durable et significatif des cours immobiliers. Bon courage à tous… »

Notes
253.

. Sur la relation entre le prix des actifs et l’économie réelle voir l’étude de Grunspan (1998).

254.

. Grunspan conclut cependant : « … les études empiriques sont peu conclusives et butent sur l’absence de séries longues décrivant l’évolution du prix des principaux actifs composant le patrimoine des agents non financiers. »