c) Les banques

Ayant un monopole pour le dépôt des Certificats, les banques sont censées être les principales bénéficiaires (en plus des déposants) de cet instrument. Il est donc logique que l’offre de crédit des banques soit fortement stimulée.

Nous avons, dans l’étude de faisabilité, démontré l’intérêt des banques à contribuer au projet. Mais nous n’avions pas analysé cet intérêt sur un plan macroéconomique.

En termes de crédits, le risque d’une banque peut être décomposé en risque d’actif et risque de passif. Le risque d’actif découle du fait que certains débiteurs pourraient ne pas payer. Le risque de passif résulte de la transformation opérée par la banque et peut conduire à la faillite de celle-ci dans le cas où des clients déposants retirent leurs dépôts alors que les clients débiteurs n’ont pas encore remboursé et que la Banque centrale n’a pas avancé la liquidité dont cette banque a eu besoin.

En ce qui concerne le risque d’actif, pour une portion non négligeable des crédits, ce risque sera fortement réduit. Il s’agit de tous les crédits pour lesquels la banque prendra des Certificats en gage. Ces crédits ne se limitent pas à ceux qui sont présentement couverts par des hypothèques mais aussi à ceux qui ne le sont pas actuellement à cause des coûts de transaction. Des garanties personnelles seront couvertes par des Certificats, alors qu’aujourd’hui il est assez exceptionnel qu’une garantie personnelle soit accompagnée d’une garantie réelle (cautionnement réel).

Pour le risque de passif, nous allons prendre un exemple qui nous permettra de mieux comprendre le risque perçu par les banques. Supposons qu’une banque ait un besoin de liquidité momentané. Elle a le choix entre s’adresser à une autre banque ou faire appel à la banque centrale.

S’adresser à une autre banque présente pour elle quelques désavantages. Dans un PED, les banquiers sont des notables, et signaler à un concurrent sa faiblesse peut être désagréable. Octroyer des titres en couverture n’est pas non plus très pratique car, d’une part, il existe peu de titres négociables et standards et, d’autre part, aucune banque ne souhaite se départir d’une partie de son portefeuille commercial, de peur de le perdre pour l’avenir.

La motivation de la part de la banque créancière n’est pas non plus très aiguë. Celle-ci peut soupçonner des problèmes non déclarés. On est ici dans une logique d’asymétrie d’information. La banque prêteuse a moins d’information que la banque emprunteuse et a donc tout intérêt à rationner son crédit. De plus, elle peut craindre que cela soit annonciateur de futurs retraits par ses propres clients. La banque créancière a peut-être même avantage à laisser couler la banque emprunteuse pour récupérer son fonds de commerce. Enfin, il existe rarement des démarches collectives visant à protéger le secteur par une action commune en faveur d’une banque en difficulté283.

C’est pourquoi, malgré tous les inconvénients, les banques dans les PED n’ont pour alternative, lorsqu’elles ont besoin de liquidités, que de s’adresser à leur banque centrale. Et c’est en raison de ces inconvénients que les banques conservent une liquidité coûteuse et peu utile socialement.

Avec le Certificat, la situation devient nettement plus avantageuse. Pour obtenir de la liquidité, les banques peuvent nantir des Certificats. Le créancier aura donc désormais un gage indiscutable, d’une valeur certaine et reconnue. Il pourra même utiliser lui-même ce gage pour se refinancer. De plus, comme nous l’avons vu dans la première section du chapitre trois, lors du nantissement par une banque les Certificats ne sont plus différenciés. Ce qui signifie que l’emprunteur n’a pas de raison de craindre pour son fonds de commerce.

Cette liquidité peut d’ailleurs être obtenue aussi auprès de la banque centrale ou à l’étranger, et cela en gageant des Certificats.

Le Certificat aura donc éliminé en grande partie l’aléa moral, l’égratignure à l’amour-propre, le risque de liquidité pour le créancier, le risque systémique284 et enfin les risques commerciaux de l’emprunt auprès d’autres banques. Il contribuera à créer un marché interbancaire de la liquidité là où n’existent que des relations exclusives avec la banque centrale. Il autorisera la mise en place de lignes de liquidité avec des établissements étrangers.

Par ailleurs, indiquons pour mémoire que les ratios réglementaires spécifiques aux Certificats aideront également l’accroissement du crédit.

L’ensemble de ces éléments fait que l’offre de crédit par les banques sera plus abondante, plus éclairée et certainement moins chère285.

Notes
283.

. En France, la solidarité de la place, qui a été utilisée pour sauver des établissements en difficulté ou pour amoindrir les conséquences pour les déposants d’une défaillance de leurs banques, n’a jamais été une démarche collective et spontanée mais toujours une action décidée et dirigée par les autorités.

284.

. La possibilité d’emprunter à l’étranger contre nantissement de Certificats minore la probabilité qu’une banque entraîne par effet domino les autres banques de la place.

285.

.Le Certificat aura également une incidence sur les canaux de crédit. Le canal étroit sera probablement moins sensible à la politique monétaire du fait des sources alternatives de financement, alors que le canal large ne sera pas affecté.