I. Synthèse

Introduction

Entreprendre une étude sur la religion dans la périphérie urbaine revient à croiser deux domaines de recherche ayant des problématiques propres et des développements autonomes : l’un porte sur la religion, l’autre sur la ville.

L’étude de la religion gallo-romaine s’est longtemps focalisée sur le problème de l’interpretatio romana et sur les fonctions de dieux au théonyme gaulois, latin ou mixte. Ainsi, il a souvent été admis que les divinités gauloises, avec la conquête, ont changé de nom et d’aspect de manière empirique et non programmée en empruntant les caractéristiques des dieux romains. Pour les uns1, l’interpretatio aurait permis au ‘substrat indigène’ de survivre et de résister à l’oppression du conquérant ; pour d’autres2, ce changement se serait produit de manière pacifique, presque inconsciemment, tout au long de la pax romana ; pour d’autres encore, elle est le fruit d’une politique active de Rome visant à imposer ‘un bon voisinage’ entre les divinités3 ; enfin, de récentes études font des élites indigènes romanisées les auteurs de l’interpretatio 4. Cette nouvelle religion a été bien définie par H. Lavagne comme ‘un panthéon hybride qui résulte d’un jeu de pénétrations réciproques fondées sur des analogies inconscientes, remontant peut-être au niveau indo-européen 5’. Elle est donc née de ce qu’il est convenu d’appeler un syncrétisme. Ainsi, de nombreuses études6 ont été publiées dans les années soixante-dix, visant à mesurer les différentes composantes celtiques et romaines de la religion gallo-romaine, mais également (et paradoxalement), pour tenter de reconstituer la religion préromaine elle-même qui n’avait d’autres sources que celles de l’époque suivante.

L’archéologie de ces trois dernières décennies nous permet désormais d’appréhender avec beaucoup plus de précision l’organisation des lieux de culte, à la fois pour la période laténienne et pour la période romaine7. Ces progrès ouvrent de nouveaux questionnements notamment sur le passage d’une époque à l’autre. La problématique de l’origine du temple à galerie gallo-romain est l’une des questions majeures qui se posent aux chercheurs : l’édifice qui est sans parallèle dans l’architecture romaine présente un plan centré dont on cerne mal les liens qu’il tisse avec les structures de l’époque précédente et qu’on connaît de mieux en mieux8. L’interrogation qui persiste autour de l’origine du fanum illustre à quel point la continuité est difficile à établir entre les deux périodes de l’histoire de la Gaule.

Sous l’Empire, toute tentative d’évaluer la part de l’influence romaine et du substrat celtique ne doit pas faire oublier dans quel contexte bien romain évolue la religion. Il est important en effet de rappeler combien sont prégnants les changements apportés par Rome, tant au niveau politique qu’administratif, juridique ou linguistique. Les pratiques religieuses s’inscrivent désormais au sein de la cité. Ainsi, la création des cités est étroitement liée à la création de sacerdoces publics9 et à l’installation d’un culte impérial régulièrement célébré au niveau civique et provincial. Comme le rappelle J. Scheid, ‘la pratique religieuse antique s’exerçait toujours dans un cadre institutionnel précis’10. Il le montre en étudiant les conséquences sur le plan de la religion qu’implique l’établissement des chartes de création de cité pour le calendrier des cérémonies, le choix des divinités à honorer publiquement, le financement, le choix du personnel religieux11...

Si l’on a d’abord considéré la cité, c’est parce qu’elle offre un cadre institutionnel officiel qui a fourni beaucoup de sources. La religion de la cité est donc un fait particulièrement visible, mais les pratiques rituelles ne s’organisent pas uniquement autour d’elle et la simple distinction des cultes en cultes privés ou publics n’est pas suffisante pour comprendre la religion des sociétés antiques. Les rites sont l’occasion de réunir un groupe et d’affirmer l’appartenance à ce groupe des individus qui y participent. Le fonctionnement des cultes se cristallise donc autour de communautés aux définitions variées.

Le prisme de l’organisation communautaire des cultes de Gaule romaine devient alors une grille d’analyse privilégiée. Cette approche trouve aussi ses origines dans des études déjà anciennes d’autres religions antiques mieux documentées, comme la religion grecque12, mais aussi dans d’autres domaines de recherche des sciences humaines, comme la sociologie. Elle s’avère valide pour la période laténienne au cours de laquelle les sanctuaires reflètent l’organisation en pagusdes populations gauloises à partir du IIIe siècle av. n.è. Les pratiques religieuses sont donc un moyen d’expression pour les foisonnantes communautés qui composent les sociétés antiques13 ; elles leur permettent de réactualiser leur appartenance à un groupe :

un monde ritualisé lie et harmonise les individus entre eux pour en faire un corps social, un groupe auquel ils appartiennent et qui les tranquillise14.

On rejoint par ce canal la problématique très actuelle des identités que se posent bien des sociétés contemporaines. Pour les époques passées, on peut parler d’identité communautaire dont il faut ‘mesurer le rôle original et dynamique dans l’élaboration des expressions culturelles dans l’Antiquité’15. Celles-ci se structurent au sein de la civitas, base de l’organisation des sociétés antiques, mais qui n’exclut pas l’appartenance à d’autres groupes. L’individu se retrouve ainsi dans des associations diverses qui composent sa personnalité.

La notion de périurbanité apparaît plus récemment dans l’historiographie. Phénomène bien visible dans l’archéologie et la littérature romaine, la ville a longtemps semblé caractériser à elle seule la civilisation romaine. Là encore, la multiplication des découvertes, due notamment aux prospections aériennes et à l’archéologie préventive, a conduit à nuancer l’application d’un modèle d’organisation des cités trop centralisateur. Les villae dans les campagnes sont des centres de romanité où vivent les élites ; la présence d’agglomérations secondaires en nombre conséquent est aussi une caractéristique de l’habitat dans les provinces de l’Occident romain. On a pu alors parler de l’échec du modèle romain d’urbanisme16 et le point de vue porté sur l’organisation du territoire subit un glissement vers une décentralisation des lieux de culture romaine et des débouchés économiques. Les recherches concernant les pratiques religieuses ne sont pas épargnées par le mouvement et la mention d’extra-urbain ou de rural a fleuri dans l’intitulé de bien des études sur les sanctuaires17.

La considération de la périphérie urbaine, entre la ville et la campagne, est issue de ce même glissement de point de vue qui consiste à ne plus observer uniquement le centre urbain. Le grand développement des périphéries urbaines actuelles, sans se superposer nécessairement à celles de l’Antiquité, a eu une conséquence positive en générant la multiplication des fouilles préventives qui ont permis une meilleure appréhension du phénomène. Le colloque Suburbia tenu à Paris en 1997 a fait le point et a dressé les questions posées par la périphérie de la ville antique, notamment en Gaule, alors que des travaux avaient déjà été initiés dix ans auparavant en Grande-Bretagne18. A Rome, une équipe de chercheurs dirigée par A. La Regina publie depuis 2001 un catalogue de tous les sites en périphérie de la capitale de l’Empire19. Ces travaux ont suscité la publication récente de monographies20. De même que les études sur la religion s’intéressent aujourd’hui aux identités et aux communautés, l’intérêt pour la périphérie de la ville antique n’est pas sans faire écho aux problématiques des sociétés occidentales contemporaines.

A la croisée des chemins, considérer la religion dans la périphérie des villes de Gaule romaine, c’est aussi poursuivre des investigations qui ont d’abord été menées de manière approfondie en Grèce et autour de Rome21. La Gaule offre un terrain propice à cette continuité, puisque dans nos régions, la périphérie des villes, qui a parfois subi moins de transformations que le centre, a conservé des sanctuaires qui comptent parmi les plus monumentaux du territoire, comme celui de La Genetoye à Autun, le temple de Jaude à Clermont-Ferrand ou du Cigognier à Avenches. Ces dernières années ont également vu un intérêt accru pour ces lieux de culte : des fouilles récentes renseignent particulièrement bien certains sites (Allonnes, Jublains, Meaux, Le Haut-Bécherel…) ; d’autres, découverts anciennement, ont fait l’objet de nouvelles lectures (Vieux-Lisieux, La Motte du Ciar, Chamiers). Ainsi, ce n’est que très récemment qu’on les considère comme une catégorie à part, prenant le nom de sanctuaires périurbains ou suburbains, selon les chercheurs et les approches22.

Avant ce regain d’intérêt et malgré la visibilité du phénomène, les chercheurs se sont peu penchés sur la question. Parmi les rares exceptions, Paul Lesourd, historien parisien du début du XXe siècle, soulignait la nature mystique de la relation qui pouvait se tisser entre la capitale et le sanctuaire, en prenant l’exemple de Lutèce et du lieu de culte de Montmartre :

Montmartre, alors perdu dans la campagne, aurait été pour les Parisiens, le lieu de pèlerinage correspondant au besoin mystique des hommes d’aller prier et honorer des divinités hors de chez eux, à une distance assez lointaine pour que le fait de s’y rendre présentât quelque mérite, mais pas trop éloigné, cependant, pour que cela fût facilement accessible en ces temps où n’existaient pas nos rapides moyens de locomotion23.

Il existerait dans cette vision des mouvements pendulaires entre le centre urbain et la périphérie qui répondent à une quête spirituelle. Cette idée est plutôt isolée dans l’historiographie, au profit de deux autres qui dominent plus largement :

  • les sanctuaires de périphérie seraient des refuges pour les divinités indigènes ;
  • la présence d’un sanctuaire en marge d’une capitale prouverait l’origine laténienne de cette dernière24.

Ces quelques points de vue sont les seules approches que les sites ont suscités. Nous aurons largement l’occasion de développer ces points.

Si aujourd’hui, les sanctuaires de périphérie urbaine prennent une importance plus grande aux yeux des chercheurs en raison du rôle dans la religion civique que jouent certains, on aurait tort de se limiter à cette fonction : tous les lieux de culte ne sont pas d’envergure à accueillir des cultes civiques.

Notre contribution à la question consistera donc avant tout en une caractérisation de ces sanctuaires en périphérie des capitales de Gaule romaine. Cette caractérisation sous-entend des questionnements d’ordre varié afin d’obtenir un tableau relativement complet du phénomène. Pour y parvenir, il s’agira dans un premier temps d’évaluer l’ampleur du phénonème dans les Trois Gaules et la Narbonnaise.

L’une des questions les plus importantes qui se posent ensuite est celle de la caractérisation architecturale des temples. Le problème est en effet de savoir quel type de plan on rencontre dans ces zones, car on estime souvent que les plans classiques, de type gréco-romain, sont réservés au forum des capitales dans les provinces de Gaule. On rencontrerait alors en périphérie des fana, mais également des plans de type mixte, mêlant des éléments du temple classique (podium, vestibule, plan rectangulaire) et du fanum 25. Au-delà de la question des plans, les matériaux utilisés, décors, élévations sont également des éléments à prendre en compte pour une caractérisation architecturale.

Un autre point important est la caractérisation topographique : quel est le rapport des sanctuaires avec les voies d’accès aux villes, avec une éventuelle enceinte, avec les nécropoles qui marquent souvent la fin de la zone urbaine ? Comment sont-ils intégrés au paysage ? La question de la topographie est essentielle pour comprendre la relation entre la ville et le lieu de culte.

Nous avons déjà énoncé l’idée souvent avancée que ces sanctuaires sont d’origine laténienne, et qu’ils pourraient donc être l’une des causes du choix d’implantation des capitales à l’époque augustéenne. Ce postulat est peut-être surtout étayé par l’idée qu’on y trouve des plans de temples à galerie gallo-romain et que les divinités rencontrées sont gauloises. Il nous faudra reprendre les sources pour confronter l’hypothèse aux données archéologiques.

Enfin, l’aspect des rites et des divinités est le dernier point qui entre en compte pour une caractérisation des sanctuaires et de la religion de la périphérie des villes. On sait par Vitruve que, dans un contexte strictement romain, certaines divinités étaient exclues de l’intérieur de l’Vrbs 26. Il est également possible qu’en Gaule, pour des raisons religieuses qui nous échappent, des divinités soient tenues à l’écart des villes. Les dieux indigènes par exemple pourraient être interdits de séjour dans la capitale et donc rejetés en périphérie. Qu’en est-il exactement ?

Il apparaît qu’à travers ce dossier et au-delà du problème spécifique de la caractérisation des sanctuaires, les questions en jeux sont celles de l’origine des capitales, des communautés de population qui l’habitent et qui organisent une partie de ses cultes en périphérie. C’est dans cette direction que nous interrogerons systématiquement nos sources pour pouvoir répondre à ces questions. Au terme de notre enquête, nous souhaitons pouvoir replacer les sanctuaires dans le cadre de leur fonctionnement communautaire. Quelle(s) communauté(s) les fréquente(nt) : population des villes, des faubourgs ou du territoire avoisinant ?

Les objectifs sont ambitieux et notre méthode pour les atteindre est classique, puisqu’il s’agit dans un premier temps de dresser un catalogue de sites qui sera à la base de la réflexion que nous mènerons. Pour construire un raisonnement valide, il faut réunir des sources suivant des limites cohérentes et significatives. Les données doivent être fermement établies, notamment du point de vue de la nature des vestiges et de leur datation. La première difficulté est donc de circonscrire le sujet, ce qui revient à borner la zone de la périphérie de la ville. Nous reviendrons précisément dans les pages qui suivent sur la définition du suburbium et sur les limites qu’on peut lui attribuer. D’ores et déjà, on peut retenir que nous avons cherché des lieux de culte inclus dans une zone allant de la sortie de la capitale, en marge des insulae urbaines, jusque dans un rayon de 6 km autour de la ville. La distance est importante, parce qu’elle exclut toute relation urbanistique possible entre le sanctuaire et la ville. Elle n’exclut toutefois pas les citadins du culte, puisqu’ils peuvent s’y rendre et retourner chez eux dans une même journée. Dans cette distance pourtant, nous avons exclu un certain nombre de lieux de culte qui auraient empêché un raisonnement pertinent sur la relation entretenue avec la capitale : il s’agit des sanctuaires de villae et des sanctuaires d’agglomérations secondaires. Ainsi le lecteur ne s’étonnera-t-il pas en ne trouvant pas les temples d’En-Chaplix qui sont associés à une villa suburbaine d’Avenches ou encore le temple octogonal de l’agglomération de Sainte-Ruffine, à 2 km de Metz27. Dans ces cas, les communautés concernées par les cultes sont indépendantes de la capitale : ce n’est pas la proximité de la ville qui explique la présence du sanctuaire. Suivant la même démarche, nous n’avons pas retenu dans notre réflexion le site des Perrières intégré à l’urbanisme de l’agglomération d’Allonnes, alors que dans cette même agglomération le sanctuaire de Mars Mullo fait l’objet d’une fiche détaillée28. L’importance de ce dernier justifie sa présence en tant que culte intéressant les citadins de Vindinum, alors que ce sont les habitants de l’agglomération d’Allonnes qui fréquentent Les Perrières29. Des choix ont donc dû être faits, ils reposent en partie sur l’état de découvertes susceptibles de changer et en partie sur des décisions plus subjectives qui peuvent toujours être discutées.

La seconde étape constitutive d’un catalogue de sites fiables est évidemment d’opérer un retour critique sur la documentation. Nombre de vestiges dégagés anciennement ont pu être interprétés comme des lieux de culte. De nouvelles découvertes et une meilleure connaissance de l’architecture religieuse gallo-romaine permettent parfois de revenir sur des identifications, d’en rejeter certaines ou d’en accréditer d’autres. Ce travail de collecte est primordial et nécessite de réunir une documentation éparpillée et pas toujours publiée avec le soin qu’elle mériterait. Enfin, nous avons essayé d’établir avec le plus de systématisme possible les caractéristiques architecturales des sanctuaires, leur chronologie, la relation topographique qu’ils entretiennent avec la capitale30.

Avant de traiter ces données, il nous faudra replacer l’apparition des sanctuaires de périphérie en Gaule romaine dans le contexte gréco-romain. La recherche de proximité entre ville et sanctuaire est une préoccupation ancienne, qui ne signifie pas la même chose dans le monde grec et dans le monde romain. Cette première partie nous permettra de situer notre travail dans une continuité historique. Nous poserons ainsi le cadre d’une réflexion plus spécifique à la Gaule romaine, en partant de l’exemple romain pour préciser la délicate définition du suburbium dans les villes de l’Empire.

L’étape suivante consistera principalement à répondre à la question de l’origine laténienne souvent avancée du sanctuaire de périphérie. Il nous faudra faire un retour en arrière avant la présence romaine pour observer les relations qu’entretiennent les lieux de culte et les habitats. Les découvertes importantes réalisées ces dernières années en archéologie permettent aujourd’hui de s’en faire une meilleure idée d’ensemble. Nous exploiterons ensuite la documentation fournie par le catalogue du point de vue de la répartition des sites, de leur chronologie et des divinités attestées.

On pourra alors observer les lieux de culte dans leur variété en tentant de répondre à la question de savoir quelles communautés de dévots ils accueillent. En effet, le catalogue regroupe des lieux d’apparence variée ; une même ville peut avoir dans sa périphérie des sites très différents. Il s’agira d’observer la relation topographique du sanctuaire avec l’urbanisme, l’architecture des édifices, les rites et les textes épigraphiques. On en déduira souvent, mais pas toujours, faute de sources suffisamment éloquentes, le statut – public ou privé – du culte qui se déroule au sein du sanctuaire. On précisera autant que l’on pourra la variété des identités communautaires qui sont représentées afin d’observer le rôle qu’a la périphérie urbaine dans l’expression de leurs spécificités. Cette recherche, qui constitue le corps de notre thèse, sera présentée en deux parties : l’une consacrée aux sanctuaires de périphérie en lien avec la capitale, l’autre à ceux qui sont tournés vers le territoire. Les raisons des répartitions dans l’une ou l’autre partie seront explicitées le moment venu.

La démarche consiste donc à établir une traditionnelle typologie, mais celle-ce sera dressée en croisant des critères multiples (topographie, architecture, divinités et rites), et non en nous limitant à une unique caractéristique, plus facile à fractionner, mais qui néglige l’appréhension des lieux de culte dans leur ensemble. L’effort de classer l’architecture des temples gallo-romains s’avère souvant vain en raison de la trop grande diversité des édifices, souvent des hapax, quand ils ne sont pas de banales cellae carrées entourées d’une galerie. De plus, une typologie qui s’appuierait uniquement sur l’architecture du temple ferait perdre l’intérêt de traiter de la question du caractère périurbain des édifices31 et omettrait d’inscrire le temple dans l’espace architectural du sanctuaire. De la même manière, une approche qui se cantonnerait seulement à classer les sites en fonction de leur distance par rapport à la ville peut être pertinente, mais s’avèrerait rapidement limitée32. Pour notre part, nous analyserons à chaque fois la topographie et l’architecture des édifices avec précision, de même que les rites qui s’y déroulent et les divinités qui s’y rencontrent. Ce faisant, nous nous plaçons dans la continuité des travaux théoriques de J. Scheid tentant de définir et de comprendre les lieux de culte en Gaule romaine33. En croisant l’ensemble des critères, nous comptons dégager des types de fonctionnement, correspondant à des communautés différentes, mais qui ne s’excluent pas nécessairement les unes des autres. Nous expliciterons à chaque étape ce qui justifie les regroupements de sanctuaires par l’observation de leurs caractéristiques communes.

Notes
1.

Hatt J.-J., 1975, p. 115, par exemple.

2.

Lavagne H., 1979, p. 158sq.

3.

Duval P.-M., 1976, p. 43.

4.

Scheid J., 1991a, p. 46 ; 1995, p. 231-233 ; van Andringa W., 2002, p. 133sq, etc.

5.

Lavagne H., 1979, p. 159.

6.

On peut citer les plus importants de ces travaux : Benoît F., 1959 ; Thévenot E., 1968 ; Duval P.-M., 1976 ; Hatt J.-J., 1975 et 1989 ; Lavagne H., 1979. Publications de colloques sur le sujet : Les syncrétismes dans les religions grecque et romaine (Strasbourg, 9-11 juin 1971), Paris, 1973 ; Les syncrétismes dans les religions antiques (Besançon, 22-23 oct. 1973), Leiden, 1975…

7.

Pour les lieux de culte laténiens : Arcelin P., Brunaux J.-L. (dir.), 2003 et pour une présentation rapide : voir dans ce volume I, p. 38-41 ; pour l’époque gallo-romaine, de nombreuses études se sont intéressées à l’architecture du fanum et au recensement des sites : Lewis M. J. T., 1966, Rodwell W. (éd.), 1980, Horne P. D., 1986, Fauduet I., 1993a et b…

8.

Voir la démonstration d’Altjohann M., 1993, p. 169sq qui reprend toute l’historiographie de la question. Il réfute l’hypothèse d’une origine préromaine de la galerie (p. 170-184 ; p. 190-194) et voit dans le fanum le produit d’une culture provinciale (p. 202). Parmi les hypothèses soulevées depuis : Brunaux J.-L., 2000a, p. 141-143 qui réfléchit sur une possible intervention du génie militaire romain.

9.

Van Andringa W., 1999, p. 425-446.

10.

Scheid J., 1991a, p. 42.

11.

Scheid J., 1991a, p. 45sq et surtout : 1999, p. 388-397. Voir encore l’étude des prêtrises de la Loi d’Urso de J. Rüpke qui tire des conclusions identiques : Rüpke J., 2006, p. 16-22.

12.

De Polignac F., 1984. Sourvinou-Inwood C., 1992. Woolf G., 1997, p. 72-76.

13.

Belayche N., 2003, p. 9-13. Pour la Gaule : Derks T., 1998, p. 94 et 185-199.

14.

Cyrulnik B., 1993, p. 122.

15.

Prost F., 2002, p. 11.

16.

Gros P., 1998, p. 20-21 et I, p. 151-153.

17.

Fincker M., Tassaux F., 1992. Cavalieri M., 2001. Péchoux L., 2001 et 2003.

18.

Cleary S. E., 1987.

19.

La Regina A., 2001-2007.

20.

Spera L., 1999. Goodman P. J., 2007.

21.

Voir I, p. 14-29 (les chiffres I, II ou III renvoient à l’un de nos trois différents volumes ; la pagination est continue).

22.

Van Andringa W., 2002, p. 77 qui théorise l’emploi des deux termes : suburbains pour la petite couronne autour de la ville, et périurbain pour les sanctuaires distants de plus de 1 km.

23.

Lesourd P., 1937, p.18

24.

Pour les références : I, p. 36-37.

25.

C’est essentiellement ce point qu’a considéré Goodman P. J., 2007, p. 133-137.

26.

Vitruve, De Architectura I, 10.

27.

En-Chaplix : en dernier lieu Castella D., 2008, p. 103-120. Sainte-Ruffine : Hatt J.-J., 1963, p. 21-27 et Ollivier L., 1997, p. 363-366.

28.

Le cas de Cracouville au Vieil-Evreux est identique : II, p. 394.

29.

Voir II, p. 387 et note 774.

30.

Voir Avant-propos du catalogue : II, p. 170-171.

31.

Pour une telle tentative : voir Brouquier-Reddé V., Gruel K., 2006, p. 142-150 à partir du plan du temple de Mars Mullo à Allonnes (II, p. 383-384 et III, fig. 183 p. 647).

32.

Voir pour les sanctuaires grec : Pedley J., 2005, p. 42.

33.

Scheid J., 2000, p. 22-25.