2) Sanctuaires et habitats groupés

a) La ville celtique
a.1) Chronologie de la naissance des habitats groupés

La Gaule connaît des formes d’habitat groupé en plaine dès le VIe siècle, généralement à vocation agricole, telle l’agglomération ouverte de Liniez (Indre) ou celle de Lazenay, à 3 km de Bourges (Cher) où l’occupation étendue sur 3000 m² a livré 25 silos. Ce type d’habitat se multiplie au IIe siècle dans le nord du territoire308, soit un siècle après l’apparition des sanctuaires tels que nous venons de les présenter. Ce développement s’accompagne aussi d’une diversification des fonctions : ces habitats ne contiennent plus seulement des batteries de silos, mais sont également des foyers d’activités artisanales liées au fer ou au bronze. Ils apparaissent en nombre dès le début du IIe siècle dans les bassins de la Loire, de la Saône ou du Rhin. Les sites d’Acy-Romance (Ardennes) et des Arènes de Levroux (Indre) sont caractéristiques de ce phénomène, où les habitats groupés ne sont plus seulement des centres de consommation, mais aussi des lieux de production, notamment dans le domaine de la métallurgie et dans la fabrication de monnaies.

A la fin du siècle pourtant, les habitats ouverts de plaine sont supplantés par des sites fortifiés de hauteur, les oppida, qui associent à un habitat dense et permanent des activités artisanales et des lieux de stockage de grains309. Le site de plaine des Arènes de Levroux disparaît par exemple au profit d’une éminence située à 1,5 km au nord, la colline des Tours. Parfois, les agglomérations ouvertes sont fortifiées, comme à Berne (Suisse), mais bien souvent on réinvestit des sites déjà fortifiés qui avaient été abandonnés depuis longtemps sans avoir jamais connu d’habitat. L’origine de ‘la civilisation des oppida’ est délicate à saisir, on peut admettre néanmoins qu’il y a alors volonté des élites de contrôler la nouvelle activité lucrative des artisans, même si l’aristocratie réside à l’écart de ces sites310.

Dans le sud de la Gaule et vraisemblablement sous l’influence de la présence grecque, le phénomène est bien plus précoce. Les échanges avec Marseille réorganisent toute l’économie de la région. La conséquence en est l’apparition d’un habitat urbain dès le début du VIe siècle dans les régions côtières et plus tard dans l’arrière-pays. D. Garcia souligne le caractère stable de ces formes d’habitat jusqu’au IIe siècle ; elles subissent seulement des ‘réajustements périodiques’ pour s’adapter au flux de l’économie, même si l’aristocratie y opère une reprise en main progressive à partir du IVe siècle311.

Notes
308.

Buchsenschutz O., 2004, p. 92sq.

309.

Colin A., 1998, p. 111-112.

310.

Colin A., 1998, p. 114-115. Buchsenschutz O., 2004, p. 109. Garcia D., 2004, p. 125sq.

311.

Garcia D., 2004, p. 99-100.