b) Architecture et décor

La seconde caractéristique de ce groupe est la modestie des structures. Celle-ci demeure durant toute la période de leur fréquentation : même rénovés, ils ne sont jamais monumentalisés et leur décoration reste sommaire. Ces lieux de culte n’ont jamais attiré l’attention des grands évergètes et n’ont jamais rayonné pour une communauté très grande.

Aucun des sites ne présente autre chose qu’un mur de péribole souvent fruste ou un simple fossé limitant une aire sacrée à la surface toujours réduite. Pas de quadriportique ni d’entrée monumentale : aux Basaltes, une simple rampe donne accès au sanctuaire ; à Bas-de-Vieux, l’entrée s’effectue par le passage dans un petit bâtiment en bois et torchis construit sur des fondations en pierre sèche.

Les temples qu’on connaît sont des constructions rudimentaires. A Vaise, la dédicace permet de restituer un mur de péribole couvert de bardeaux, mais le dévot n’a visiblement pas pu offrir de demeure à la divinité. D’une manière générale, les temples ont des dimensions restreintes : la cella ne dépasse pas 6 m de large à Bas-de-Vieux, aux Basaltes, au Clos Julio. La cella de la place Camille-Jouffray à Vienne avec ses 7,50 m de large est le plus grand édifice du groupe. La présence d’une galerie n’est pas systématique : à Alba, la galerie est vraisemblablement construite de manière incomplète ; à Vienne, le mur de galerie ne remplace pas la fosse circulaire entourant la cella avant la fin du Ier siècle. Enfin, ces fana utilisent uniquement la pierre sèche. A Bas-de-Vieux, le temple est une construction sans mortier, en bois et torchis.

Les indices d’une ordonnance en pierre sont inexistants. Aucun des sanctuaires n’a livré de fragment de colonne. A Vienne, la galerie qui vient remplacer le fossé est une galerie fermée. A Alba pourtant, des antes précèdent la cella et forment un vestibule ; à Vaison, le temple est édifié sur un podium sommairement construit, mais ces deux derniers cas concernent la province de Narbonnaise, où les modèles classiques sont plus largement répandus.

Les éléments de décor sont également rudimentaires. C’est le sanctuaire de Vienne qui livre le tableau le plus complet de ce que pouvait être le décor d’un sanctuaire modeste. Au moment de la construction de la galerie en dur, les sols, en terre battue, sont remplacés par un sol en terrazzo dans la galerie, et dans la cella par un sol en opus signinum avec des tesselles incrustées. Les murs de la galerie et d’une petite annexe dans l’aire sacrée reçoivent une peinture sans grande qualité. Ultime transformation un siècle plus tard, la cella se dote d’un sol de mosaïque bichrome.