b) Sanctuaires liminaires

b.1) Le sanctuaire An Moselbrücke de Trèves

[Le sanctuaire An Moselbrücke de Trèves593]

Quand on arrive à Trèves par la grande voie longeant la Moselle qui mène au limes, il faut franchir le pont pour accéder à la capitale par l’ouest. Le voyageur passe alors devant le sanctuaire An Moselbrücke, avant de pénétrer plus avant dans le réseau d’insulae. Le sanctuaire est construit à la fin du Ier siècle de n.è. La ville n’est pas encore équipée de son enceinte et le terrain sur lequel est installé le sanctuaire descend doucement vers les rives de la Moselle. Les constructeurs l’ont dressé sur une très vaste terrasse artificielle, si bien que le mur de péribole se déploie sur près de 200 m le long du cours d’eau. L’entrée s’effectue par une rampe d’accès qui permet de rattraper le décalage des niveaux de sols entre l’intérieur et l’extérieur de l’aire sacrée. Les poussées exercées par les remblais de cette aire sont maintenues par deux niches semi-circulaires, qui accueillaient peut-être des statues et qui s’ouvraient largement sur les rives de la Moselle qu’elles dominent. L’ensemble du site, mal conservé, était très décoré ; un temple était juché sur un haut podium aux dimensions conséquentes (45 x 26 m). Il ne fait pas de doute que le sanctuaire a été conçu pour être vu des voyageurs arrivant à Trèves par la grande voie menant au limes et qu’il développait sa vaste façade et ses niches dans le but d’impressionner les visiteurs.

La construction de l’enceinte, un siècle plus tard, vient évidemment briser cet effet visuel. C’est sûrement à la même époque, ou un peu avant, que sont construits les thermes de Sainte-Barbe faisant face au lieu de culte. Ils occupent l’emplacement de quatre insulae (4,2 ha) et sont particulièrement somptueux594. Leur construction complète le dispositif monumental qui accueille le voyageur : immédiatement après le passage de la porte de l’enceinte, il a à sa gauche le sanctuaire et à sa droite les vastes thermes.

Notes
593.

II, p. 227-229.

594.

Fontaine T., 2001, p. 102-113.