c) Conclusion

Les deux sanctuaires qui viennent d’être présentés possèdent des similitudes évidentes. Tous deux sont immédiatement à l’entrée des villes, en bordure du quadrillage urbain et le long des voies d’accès les plus passantes. Ils sont couplés avec des ensembles thermaux, même si ces derniers ne sont pas contemporains des sanctuaires et qu’ils ne doivent pas se comprendre comme une nécessité liée à un quelconque culte des eaux.

Le doublet sanctuaire-thermes semble plutôt dans ce cas une réponse à un besoin que doivent assumer deux villes très romanisées et à l’urbanisation déjà bien avancée à l’époque flavienne. Les voyageurs devaient s’y présenter en nombre : ils s’y arrêtaient pour leurs propres affaires ou ne faisaient que passer pour atteindre la frontière du Rhin. Ces édifices constituent des structures nécessaires à l’accueil des étrangers qui s’y arrêtent après leur déplacement. Ils forment des quartiers monumentaux telles les vitrines des villes : ils annoncent la qualité des élites qui la composent, leurs capacités de financement et d’assimilation des modèles romains600. Ils sont en d’autres termes une projection de l’image de la ville, telle que celle-ci se représente. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de la portée symbolique de tels programmes urbanistiques, qui peuvent être un véritable enjeu dans une démonstration de pouvoir : ‘la gloire des restaurateurs est d’autant plus éclatante qu’ait plus énorme la masse des restaurations601. C’est exactement pour cette raison que Mécène conseille à Auguste d’orner la Ville autant qu’il peut, afin d’imposer le respect au reste de l’Empire :

‘Tu orneras Rome avec toute la somptuosité possible, tu en rehausseras la splendeur par des jeux de toutes sortes ; car il convient que nous qui commandons à beaucoup d’hommes, nous soyons supérieurs à tous ; une telle supériorité est utile pour inspirer le respect aux alliés et pour frapper les ennemis de terreur’ 602 .
Notes
600.

Voir les réflexions plus générales de R. Bedon sur le rôle de l’évergétisme pour les élites urbaines. Bedon R., 2001a, p. 243-244.

601.

Eumène, Discours pour la restauration des écoles d’Autun IV : ‘ut tanto esset illustrior gloria restitutorum quanto ispa moles restitutionis immanior’.

602.

Dion Cassius, Histoire romaine LII, 30. Dans le même sens, le commentaire de Pline l’ancien pour qui la splendeur des monuments de Rome est la traduction de son pouvoir : Pline l’ancien, HN XXXVI, 101.