IV- Les sanctuaires tutélaires

1) Caractéristiques

a) Topographie

Pour achever notre démarche qui consiste à relever les sanctuaires rassemblant les habitants des capitales, il faut isoler une dernière catégorie. Le nombre de sites concernés est réduit, mais leur monumentalité et les choix de leur implantation les rendent particulièrement remarquables. Il s’agit à chaque fois de sanctuaires de capitales belges643 :

  • l’Herrenbrünnchen à Trèves,
  • le sanctuaire de Tongres,
  • le Schönbühl à Augst
  • et le sanctuaire du Cigognier, qui fera l’objet d’un développement particulier et que nous ne retiendrons donc pas dans les lignes qui suivent.

Les trois sites qui nous arrêtent ici sont tous implantés en position largement dominante par rapport à l’espace urbain ou bien comme à Augst en position sur les pentes d’une colline qui fait face à la ville. Ainsi, la colline du Schönbühl a donné son nom au sanctuaire ; à Trèves, le grand temple de l’Herrenbrünnchen a été construit sur la colline du Petrisberg ; et à Tongres, le lieu de culte est sur les hauteurs de la ville. En plus de cette position avantageuse, deux d’entre eux (le Schönbühl et Tongres) sont tournés de sorte que le dieu qui les habite regarde la ville. Le sanctuaire de Tongres est même orienté au sud pour regarder vers la ville, contrairement à l’usage. A l’Herrenbrünnchen, le sens sud/nord de la pente ne l’a pas permis.

Le rapport à la voierie varie d’un cas à l’autre. Le sanctuaire borde la trame urbaine à Tongres, il en est distant de quelques centaines de mètres seulement à Augst et à Trèves sans que l’espace entre les deux soit occupé. Par deux fois (Trèves et Tongres), les sanctuaires sont enclos dans l’enceinte construite a posteriori et dont ils sont proches. Les nécropoles ne s’insèrent jamais entre le lieu de culte et l’espace urbain, elles sont toujours au-delà. Le sanctuaire de Tongres est celui qui est le plus en lien avec l’espace urbain, il en suit l’orientation sans être inclus dans une insula. Ainsi, tous sont intégrés à la ville, même si c’est de manière lâche. Dernière caractéristique importante, ils n’entretiennent pas de lien particulier avec les voies de sortie.

Au final, leur position topographique en fait des sanctuaires résolument tournés vers l’espace urbain qu’ils dominent de leur hauteur et de leur monumentalité.

Notes
643.

Ils sont présentés en II, p. 261-292 et III, fig. 97-121 p. 590-604.