b) Architecture et décor

La massivité et la grande influence des modèles romains dans la conception de ces sanctuaires sont aussi des caractéristiques communes majeures. Tous sont des temples de 25 m de large en moyenne et construits sur des podiums hauts de 3 m. Ils sont placés pour deux d’entre eux dans des aires à portique dont la superficie atteint presque l’hectare à Tongres.

A l’Herrenbrünnchen où seules les substructions du temple subsistaient au moment des fouilles, les constructeurs ont profité du dénivelé pour édifier sur plusieurs terrasses un temple à l’aspect spectaculaire. Les dimensions relevées (65,76 m sur 23,75 m) font entrevoir un édifice imposant.La restitution de l’édifice pose des problèmes importants. Les architectes allemands ont établi des restitutions très influencées par les modèles romains et imaginé un temple sur podium prostyle, hexastyle en façade et d’ordre corinthien644.

Au Schönbühl, c’est une myriade de petits fana modestes qui constituent le sanctuaire jusqu’à ce qu’une restructuration complète transforme entièrement le site, peut-être au début de l’époque flavienne, mais la date est discutée. Un unique et massif temple est alors au centre d’une cour entourée d’un quadriportique. Un plan pseudopériptère hexastyle en façade et d’ordre corinthien peut y être restitué. L’ensemble était richement décoré.

Enfin, à Tongres, le sanctuaire est installé sur une terrasse artificielle délimitée par un quadriportique entourant un temple sur podium. La cella rectangulaire est précédée d’un vestibule et entourée d’une galerie composée de colonnes au fût cannelé en calcaire blanc. L’intérieur était revêtu de marbre. Ici aussi, la conception doit beaucoup à l’architecture romaine, sans pour autant qu’on se départisse du modèle de plan du fanum. La construction n’est pas antérieure à l’extrême fin du Ier siècle.

C’est donc pour la plupart à l’époque antonine que ces sanctuaires apparaissent ou qu’ils connaissent une monumentalisation sans précédent. Les plans sont classiques, le décor soigné et les dimensions conséquentes. Ils sont à l’évidence des sanctuaires publics, mais aucun n’a fourni d’inscription informant sur les évergètes et le cadre du culte.

Notes
644.

II, p. 266-268.