c) Rites et divinités

Nous avons déjà eu l’occasion de nous arrêter sur le problème des divinités tutélaires du temple de l’Herrenbrünnchen à Trèves que nous supposons dédié à la triade célébrant la Victoire impériale645. Si nos conclusions sont justes, elles mettent l’accent sur le fort lien qui lie le sanctuaire avec l’histoire de la ville, l’expression de la victoire impériale étant l’idéologie sous-jacente à sa construction. Excepté ces éléments, rien n’est connu des rites qui pouvaient s’y dérouler.

Au Schönbühl, les dépôts monétaires caractérisent l’état précédant la construction du grand temple. Les divinités honorées sont inconnues, on peut penser toutefois que la pluralité de divinités associées aux multiples temples de la première phase a été gommée au profit d’un dieu unique. Il faut ici rappeler la présence du théâtre voisin, construit apparemment au moment de la monumentalisation du sanctuaire et rigoureusement dans le même axe. Ce théâtre a été plusieurs fois reconstruit et il a notamment connu un état où il intégrait une arène, jusqu’à ce qu’un amphithéâtre soit édifié plus au sud. Il a donc servi à des représentations variées qui ne s’effectuaient pas uniquement dans le cadre des fêtes religieuses du Schönbühl, même si plus tard le lien architectural est fort entre les deux.

A Tongres, le sanctuaire a livré les vestiges de deux colonnes de Jupiter au Géant et d’une base représentant Mercure. Rappelons que ces colonnes expriment une forte adhésion à l’idéologie impériale646. De plus, Jupiter est le dieu le plus honoré de la cité des Tongres, si bien que son culte a sûrement une place au sein de la religion publique de la civitas 647.

Une caractéristique commune de ces grands sanctuaires est donc l’absence de dépôts votifs provenant d’offrandes privées. Deux hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce fait : soit les lieux de culte sont uniquement destinés aux dévotions publiques, soit ils sont entretenus et nettoyés afin que les dépôts votifs privés n’envahissent pas l’espace sacré. Dans tous les cas, ils apparaissent avant tout comme servant de cadre aux cérémonies du culte public de la capitale.

Notes
645.

I, p. 58-60.

646.

I, p. 67-68.

647.

Raepsaet-Charlier M.-T., 2008, p. 117.