d) Sanctuaires hypothétiques

Les caractéristiques qui viennent d’être dressées pour ces trois sanctuaires rappellent par analogie trois de nos sites dont l’identification à des sanctuaires est incertaine. Il s’agit des grands enclos de la rue de la Justice à l’est d’Evreux, de la rue Belin à Reims et de la colonnade de La Citadelle à Besançon. Tous sont dans une position similaire, en bordure de l’espace habité et sur des hauteurs de la ville. De même qu’à Tongres et à Trèves, le site de la rue Belin est inclus dans l’espace délimité par le fossé qui entoure la ville.

A Evreux, un premier enclos est remplacé dans la première moitié du IIe siècle par une vaste cour entourée de portiques et munie d’exèdres sur son côté oriental. Ce dernier est lui aussi tourné vers la ville qu’il domine et il est monumentalisé pour devenir un grand édifice public à l’époque antonine. Le carrefour de voies au sud de l’ensemble est abandonné à la fin du IIe siècle, ce qui invite à penser que leur présence n’est pas nécessaire aux activités qui se déroulent dans la grande cour à portiques.

A Reims, le site de la rue Belin n’est pas non plus directement lié aux voies de sortie de la ville qui passent davantage à l’ouest. L’urbanisme y est lâche et la voierie ne semble plus être organisée en insulae bien régulières. Les structures forment une grande esplanade de 100 m de côté et sont pourvues d’un riche décor. La construction est à l’évidence un édifice public important. Elle intervient là encore dans la première moitié du IIe siècle.

A Besançon, la colonnade de La Citadelle est dans une position topographique particulièrement intéressante, puisqu’elle est au somment de la colline qui ferme le méandre occupé par la ville. L’éventuel sanctuaire pouvait ainsi dominer tout l’habitat blotti dans la boucle du Doubs. Les maigres vestiges dont il reste la trace attestent une construction imposante, utilisant une ordonnance corinthienne classique. Aucun élément ne permet de dater la construction de la colonnade. Non loin de la colonnade, une dédicace au Génie de Mars Vesontius pourrait fournir le nom de la divinité tutélaire du site, puisqu’un certain Lucius Catius Coddacatus lui restaure un enclos et lui offre un portique648. L’épithète Vesontius fait directement référence au nom antique de la ville.

Sans qu’on ne puisse rien affirmer, il faut toutefois évoquer les similitudes dans la topographie, la monumentalité, de même que la contemporanéité des constructions. Dans les trois cas, les structures ont été incomplètement fouillées et rien dans le mobilier ne permet d’envisager la pratique de dépôts votifs.

Notes
648.

CIL XIII, 5368.