Mars Caturix est la seule divinité qu’on puisse rattacher à l’espace cultuel en raison de la découverte d’une dédicace dans l’avant-cour ; aucun vestige ne fournit pourtant le nom de la divinité tutélaire. Pourtant les hypothèses sur son identité ont été nombreuses. G.-T. Schwarz pensait le sanctuaire vouer à Mars Caturix ou à Mars Caisivus692, mais nous avons déjà signalé le caractère privé des offrandes nommant ces dieux : ils ne peuvent être assimilés à la divinité tutélaire. L’hypothèse d’un sanctuaire au culte impérial a été défendue par R. Etienne693 et généralement, c’est elle qui est retenue694. Pour R. Etienne, le sanctuaire est conçu dès l’époque flavienne, immédiatement après la promotion coloniale, pour effectuer la réorganisation de la religion publique de la colonie nécessaire au nouveau statut. Nous voulons pourtant insister sur le décalage chronologique – près de 30 ans – entre l’accès au statut de colonie et la construction du sanctuaire, et nous réfutons la possibilité d’un sanctuaire voué uniquement au culte de l’empereur. De toute façon, l’empereur n’est pas assimilable à un dieu et de ce fait ne peut être le destinataire principal d’une aire sacrée. Le terme est par conséquent impropre, même si des hommages lui sont à l’évidence rendus au Cigognier – le buste en or en témoigne. A notre sens, l’expression de ‘sanctuaire au culte impérial’ concerne seulement les temples des forums ou des grands sanctuaires provinciaux qui mettent clairement en scène le pouvoir quand ils sont dédiés au Genius, au Numen, aux Lares de l’empereur ou à Rome et à Auguste...
En dernier lieu, M. Fuchs propose de voir en IOM la divinité honorée au Cigognier, mais la faiblesse de ses arguments rend son hypothèse bien fragile, puisque aucun des vestiges archéologiques invoqués n’a été trouvé dans le sanctuaire, ni ne peut être identifié avec certitude695.
Nous ne voulons pas proposer une nouvelle identification de la divinité tutélaire qui ne serait pas étayée par davantage d’arguments. Il nous semble tout de même que la construction des deux fana Au Lavoëx va dans le sens d’une multiplication des cultes autour du Cigognier. Dans un sanctuaire aussi important, l’introduction de nouvelles divinités, même si elles sont secondaires par rapport au dieu principal, n’est certainement pas un phénomène fortuit et sans signification. Il reflète sûrement l’intégration, dans un lieu commun à tous, des divinités autour desquelles se rassemblent les communautés d’Avenches, et dans cette optique, Aventia, dont le culte est attaché au curator colon(-),trouverait une place légitime dans un tel sanctuaire auprès des autres divinités696.
Schwarz G.-T., 1964, p. 74-76.
Etienne R., 1985, p. 5-26.
Gros P., 1996, p. 111 et 169.
Fuchs M., 1992, p. 17-20.
Nous ne retenons pas pour autant l’identification à Aventia proposée par M. Bossert de la déesse-mère trônant retrouvée en 1900 dans une niche sous-jacente aux gradins du théâtre. La pierre, de piètre qualité et assez mal conservée, ne permet pas une telle hypothèse. II, p. 281.