b) Voie et sanctuaire : vies parallèles

Le lien chronologique entre le sanctuaire et la voie est évident. Tous les sites sont construits dans le courant du Ier siècle ; aucun n’a fourni la preuve d’un culte pratiqué à l’époque laténienne. Le cas de Vaugrenier est ici exemplaire, puisqu’on a pu dater avec précision sa construction en concomitance avec celle de la via Aurelia qui le jouxte ; les deux structures ont ici été programmées de concert, comme la stratigraphie l’a bien établi. Le sanctuaire est une étape à trois milles de la ville d’Antibes sur la voie littorale. Cette planification n’a pas respecté l’emplacement du sanctuaire massaliète préexistant et sa durée de vie a été brève, puisque le sanctuaire est abandonné rapidement dans le courant du Ier siècle. Les troubles militaires de 69 ne peuvent expliquer qu’en partie une baisse de fréquentation momentanée715, ils ne justifient pas la défection durable du lieu de culte. L’abandon de la voie qui suit cette défection en est peut-être la raison essentielle, puisqu’en perdant son rôle d’étape, le sanctuaire perd sa raison d’être. La voie est ensuite convertie en aire de séchage pour les potiers dès le siècle suivant. Un chemin plus modeste est aménagé plus à l’est dans les anciens portiques qui s’intercalaient entre la voie et les boutiques de l’agglomération.

Le fanum de la mansio de Langres (ZI des Franchises) est quant à lui abandonné très rapidement après sa construction, dès la fin du Ier siècle, alors que la station voisine continue de fonctionner jusqu’au IVe siècle. Rappelons que la présence d’un puits dans la cella, remplacé par un bassin dans la galerie, invite à restituer des rites particuliers sur ce site, mais qu’ils n’ont pas connu une grande pérennité.

Notes
715.

I, p. 51-52, 114-115.