b) Le culte impérial

Les communautés civiques sont concernées par le culte impérial ; à plusieurs reprises, l’épigraphie témoigne d’hommages rendus au pouvoir central. A Allonnes, dès le Ier siècle, les trois dédicaces retrouvées associaient déjà Mars Mullo à Auguste ; puis c’est la civitas des Aulerques Cénomans qui offre, entre la fin du IIe siècle et le début du IIIe siècle, une dédicace à un empereur dont on ne connaît pas l’identité. Chez Lenus Mars également, les autels accompagnant les exèdres des pagi sont tous dressés en hommage à la maison impériale.

De même que nous l’avions observé pour le vicus, toute pratique de culte d’une collectivité officielle et reconnue par Rome implique de rendre hommage au pouvoir central. Il s’agit pour nos cités et pagi de rappeler le cadre officiel dans lequel les cultes se déroulent. Et dans un tel contexte, les hommages à la maison impériale sont sûrement une obligation776, puisque c’est l’empereur lui-même qui accorde le droit d’exister.

Chez les Trévires, les deux prêtres de Lenus Mars dont on a la trace sont tous deux aussi des prêtres de culte impérial municipal. Dans le cas de Priscus, connu par une inscription honorifique dans ce qui devait être le théâtre de l’Irminenwingert à côté du sanctuaire, le flamen est également sacerdos Romae et Augusti. Le second, attesté par une inscription de Mersch et dont on ne connaît pas le nom, est encore flamen Augusti ; il précise qu’il est le cinquième à occuper la charge777. La différence dans la titulature de la prêtrise ne cache pas une différence de fonction, mais bien plutôt un décalage chronologique, puisque l’usage du titre sacerdos est antérieur à celui de flamen dans le cas des prêtres du culte impérial municipal778. La récurrence, chez les Trévires, de l’association entre la prêtrise de Mars Mullo et celle du culte impérial invite à penser qu’il y a peut-être un lien particulier entre les deux dans cette cité. Chez les Riédons, où T. Flavius Postuminius est également sacerdos Romae et Augustorum et flamen perpetuus de Mars Mullo, l’association des deux charges religieuses s’explique par le caractère exceptionnel du personnage et c’est la civitas des Riédons qui lui attribue pour la première fois (primum) le flaminicat pour une durée illimitée779. Dans le cas des Riédons et des Trévires, ces inscriptions ne font que confirmer le caractère très officiel des deux divinités, mais peut-être que chez les Trévires, les deux charges religieuses vont de pair. Malheureusement, une épitaphe incomplète de Mayence, qui fait connaître un troisième sacerdos Romae et Augusti chez les Trévires et qui date vraisemblablement du règne de Claude, ne confirme pas cette hypothèse780.

Enfin, au sanctuaire de Bagnols à Alba, la présence de l’empereur est attestée par une statue retrouvée dans l’exèdre axiale et cette découverte est à l’origine de l’identification en sanctuaire impérial du site781. Nous avons déjà eu l’occasion de montrer combien cette interprétation est hasardeuse, même s’il est évident que des hommages ont été rendus à l’empereur. L’exèdre est sûrement dévolue au stockage et à l’exposition des témoignages de ces hommages, à côté des deux temples habités par deux divinités inconnues au centre de l’espace sacré dans la cour.

Notes
776.

Digeste XLVII, 22, 1. Jullian C., 1913, p. 396-398 ; Van Andringa W., 2006, p. 226.

777.

CIL XIII, 4030 = AE 1973, 361.

778.

Van Andringa W., 1999, p. 429-433.

779.

AE 1969/70, 405b : In honorem domus / divinae et pagi Ma/tantis Deo Mercurio / Atepomaro / T(itus) Fl(avius) Postuminus sacerd(os) Ro/mae et Aug(ustorum) quem primum / civitas Riedonum perpe/tuo flamonio Martis Mul/lonis honoravit bis duovirum / omnibus officis apud suos / functus statuam cum suis / ornamentis de suo posui[t l(ocus)] d(atus) ex d(ecurionum) [s(ententia)].

780.

AE 1968, 321 = AE 1976, 505 : [Claudia T]i(beri) fil(ia) Fa[---] / [Ti(berio) Clau]dio Tiber[i fil(io) --- sacerdot]i Romae [et Aug(usti) ad aram in? c]olon(ia) Trev[erorum] / [praefec]to ad ripa[m et alae] / [Trevero]rum(?) qua[estori in] / [civita]te Treve[rorum.

781.

II, p. 318, 321.