b) Type B

b.1) Capitale sans mur d’enceinte

Une distance conséquente entre sanctuaire et espace urbain interdit toute ambiguïté, mais les choix d’implantation ne s’avèrent pas toujours aussi évidents. D’autres lieux de culte, en plus grand nombre, adoptent une position intermédiaire. La solution de continuité y est alors bien réelle, mais l’espace entre habitat urbain et enclos sacré est réduite à quelques centaines de mètres. La distance est toutefois suffisante pour signifier la rupture, mais d’autres éléments sont souvent là pour souligner le hiatus, tels les nécropoles, les cours d’eau, ou encore le relief. Le sanctuaire est alors nettement disjoint de la trame urbaine et son orientation lui est complètement indépendante.

Ce cas de figure se rencontre à Meaux, où le site de La Bauve est à 1,5 km au nord-est de la ville de l’autre côté de la Marne. Sa position dominante sur la pente descendant du plateau vers la vallée le rend visible de la capitale melde. Il est à environ 300 m de la voie menant à Soissons, au-delà des zones de nécropole. Ainsi, tout en restant en contact visuel avec la capitale melde, il n’en fait toutefois pas partie.

Le sanctuaire du Haut-Bécherel est à une distance comparable de Corseul. A une altitude de 100 m sur le flanc d’une colline qui culmine à 112 m, il domine largement la plaine environnante. Cependant, son altitude est équivalente à celle de la capitale coriosolite située sur un plateau voisin et dont il est distinct par un vallon bien marqué. Cette implantation topographique a fait émettre l’hypothèse à P. Henry et N. Mathieu que la rupture de continuité entre la ville et le sanctuaire s’expliquerait par une volonté de rattraper le relief, comme si le site du sanctuaire était dans le prolongement de la ville du point de vue de l’altitude796. Le plateau de Corseul a cependant la place de recevoir un tel sanctuaire et nous pensons que c’est précisément ce hiatus qui est recherché, d’autant que la localisation du temple n’est certainement pas le fruit du hasard : la voie vers Rennes passe à 150 m au nord et la tour du temple est un point de repère à plusieurs kilomètres avant l’arrivée à Corseul.

Par analogie, des sites à l’identification incertaine peuvent être insérés dans cette série. A Béziers, c’est également sur un plateau disjoint, le Plateau des Poètes, qu’on situe un sanctuaire peut-être dédié à Mars et Ricoria. Le plateau est au sud-est de la ville ; la distance qui les sépare, de quelques centaines de mètres, forme un large vallon occupé seulement par des nécropoles. Le Vieux-Lisieux est à 2 km de Lisieux sur une éminence indépendante. Enfin, le site du Palais à Feurs présente une disposition qu’on peut rapprocher de notre série, bien que la fonction cultuelle y soit incertaine. Les vestiges d’un édifice monumental, à 500 m du centre de Feurs, occupent la rive opposée de la Loise qui forme un promontoire distinct de la terrasse sur laquelle est implantée la ville.

Pour ce qui est de l’environnement archéologique des sites, si quelques structures non datées ont été repérées autour du Haut-Bécherel suite à des prospections aériennes, les autres sont globalement isolées. Cet isolement s’explique par la relative proximité de la ville, qui gèle le développement d’une agglomération secondaire, mais aussi par son relatif éloignement qui empêche la formation d’une extension de la ville du type faubourg.

Notes
796.

Henry P., Mathieu N., 2003, p. 22.