c) Les temples ou la tentation du plan classique

c.1) Remarques générales

En effet, les édifices réunis dans ce corpus sont presque tous des hapax traduisant une recherche de monumentalité obtenue principalement par l’emprunt de certaines caractéristiques du temple romain. Cette volonté n’apparaît pas avant la fin du Ier siècle. A Allonnes, on décide dans les années 80-90 de remplacer le modeste fanum à galerie de Mars Mullo par le temple massif nommé la Tour-aux-Fées aux structures encore partiellement conservées en élévation aujourd’hui. Aux Bagnols à Alba, une génération après la construction du premier fanum à galerie datant de 40-50, on construit un nouveau temple qui cette fois se présentera sous la forme d’un édifice rectangulaire sur podium au plan vraisemblablement pseudopériptère et tétrastyle. La construction du temple était certainement prévue dès le départ, puisque son emplacement était réservé, mais les choix architecturaux sont très différents de ceux du premier temple.

Pour la plupart toutefois, les temples étudiés dans ce chapitre sont des réalisations basées sur le modèle du fanum à galerie auquel on ajoute des éléments visant à davantage de monumentalité. Avant de les aborder dans le détail, rappelons en l’essentiel832 :

  • Le podium permet de surélever l’édifice.
  • Le vestibule précédant la cella donne une orientation et une façade privilégiée que le plan centré du fanum interdit ; la construction d’un édifice rectangulaire est un pas supplémentaire dans ce sens.
  • L’usage des ordres architecturaux manifeste un souci de majesté, à l’image des remarques de Cicéron déjà rapportées833.

Alors que le temple romain est généralement sans posticum, les édifices conservent systématiquement le principe gallo-romain de la galerie périphérique entourant la cella. Ainsi conçus, ils n’offrent bien souvent aucun parallèle dans le reste de l’architecture religieuse gallo-romaine : les temples du Haut-Bécherel, de Meaux et d’Allonnes, qui permettent les restitutions les mieux connues sont en effet des monuments uniques. Ils manifestent la dextérité de bâtisseurs qui progressent dans la maîtrise du mortier, tout comme dans la connaissance des modèles architecturaux méditerranéens qu’ils savent complètement adapter aux spécificités du fanum à galerie. Cet effort architectural implique évidemment un effort tout particulier de financement et contribue à donner à ces sanctuaires une position prééminente dans le culte de leur cité.

Face à la singularité des édifices, nous ne tenterons pas de dresser une quelconque typologie, mais nous mettrons en avant les aspects principaux de leur conception.

Notes
832.

Sur la question de l’emprunt d’éléments romains dans l’architecture religieuse gallo-romaine, voir notamment les études de Derks T., 1998, p. 148sq et Horne P. D., 1986, p. 15-24.

833.

Voir note 808.