Description des vestiges (fig. 246)

Le fanum présumé est construit sur un grand fossé circulaire creusé à une époque indéterminée et comblé progressivement entre les règnes de Tibère et d’Hadrien. Le diamètre de ce fossé est de près de 50 m, sa largeur de 5 m et sa profondeur varie entre 2,50 m et 3 m.

L’édifice interprété comme un fanum est une construction soignée en petit appareil qui date du second quart du Ier siècle. Il est décrit comme une cella rectangulaire, de 6,30 m sur 2,30 m, entourée sur trois côtés (nord, est et sud) d’une galerie. Du côté est, un grand espace E (16,50 x 9,50 m) le précède et porte les dimensions à 16,50 m par 14,75 m. Dans la publication de 1980, les murs qui enclosent la ‘cella’ sont considérés comme plus tardifs2052, alors que dans la publication de 19752053, tout est contemporain et le plan est comparé aux temples de La Roche à Poitiers, de Sanxay ou du Vieil-Evreux. L’envergure de ces différents sites n’est pourtant pas comparable à la modestie évidente de la construction de Saintes.

On aimerait avoir plus de précisions sur les liens entretenus entre les différents murs pour établir une chronologie entre les différents éléments. A l’est, les murs de l’enclos E semblent effectivement rapportés puisque les plans publiés révèlent des épaisseurs différentes et les photos montrent sans hésitation que le mur oriental M1 de la ‘cellaest un rajout postérieur, de construction assez grossière. Il apparaît alors un plan primitif en U.

Par ailleurs, sur le plan de 1980, des murs (M2 et M3), absents du plan de 1975 (fig. 247), sont dans le prolongement de notre ensemble, à l’est et à l’ouest. D’après le plan, M2 est dans l’alignement de la pseudo-galerie nord et pourrait lui être contemporain. Le ‘fanumest donc en réalité seulement un élément d’un ensemble plus grand qui n’a pas été fouillé en totalité et qui est constitué de structures d’au moins deux époques différentes.

L’hypothèse d’un temple a sans doute été fortement induite par les découvertes réalisées dans les puits et fosses funéraires environnants : statues de Jupiter, base d’une statue de Mercure, déesses-mères,…. La nature du site incite davantage à donner une fonction funéraire à l’édifice.

Au troisième quart du IIe siècle, l’édifice a changé de fonction : l’installation d’un praefurnium, de marches, d’un bassin, de canalisations, de même que la modification des ouvertures et la construction de petites cloisons, indiquent une activité artisanale. M. Rouvreau pense que le sanctuaire a été transformé en habitat2054. C’est également à cette époque, dans le courant du IIe siècle, que tous les puits et fosses funéraires sont bouchés : l’hypothèse d’une fonction funéraire pour notre édifice qui fonctionne en même temps que les puits s’en trouve renforcée.

Enfin, au Bas-Empire la fonction funéraire est avérée puisque des sépultures sont découvertes dans l’édifice.

Notes
2052.

Maurin L. et al ., 1980, p. 47.

2053.

Rouvreau M., 1975, p. 37-38.

2054.

Rouvreau M., 1975, p. 38-39.