2) Les métiers de la sculpture

Les Indicateur Fournier permettent de se faire une idée du foisonnement des métiers de la sculpture intervenant dans les églises En 1838, sont mentionnés les marbriers, les ornemanistes, les marchands, fabricants de plâtres, les sculpteurs ; en 1861, bronzes et objets d’arts, modeleurs et mouleurs en plâtre, sculpteurs ornemanistes, sculpteurs-statuaires, statuaires ; en 1870, bronzes et objets d’arts, mouleurs, modeleurs, mouleurs en plâtre, sculpteurs bois, sculpteurs marbre et autres matières ; en 1880, bronzes et objets d’arts, mouleurs en plâtre, sculpteurs ornemanistes, sculpteurs-statuaires, stucateurs et scayolistes [sic] ; en 1890, articles de piété et articles de religion, fabrique de bronzes d’églises, d’art et d’appartements, bronzes et objets d’art modernes, fondeurs en bronzes et cuivres, mouleurs en plâtre (et sculpture religieuse), sculpteurs-statuaires, sculpteurs ornemanistes (pierre et marbre), sculpteurs ornemanistes (bois), sculpteurs mouleurs en carton pierre ; en 1901, fabrique de bronzes d’églises, d’art et d’appartements, bronzes et objets d’art modernes, fondeurs en bronzes et cuivres, mouleurs en plâtre (et sculpture religieuse), sculpteurs-statuaires, sculpteurs-statuaires (bois), sculpteurs ornemanistes (pierre et marbre), mouleurs en carton pierre ; en 1910, fabrique de bronzes d’églises, d’art et d’appartements, marchands de bronzes et objets d’art modernes, fondeurs en bronzes et cuivres, mouleurs en plâtre (et sculpture religieuse), ornements d’église en tous genres, sculpteurs-statuaires, sculpteurs ornemanistes (pierre et marbre), mouleurs en carton pierre.

On remarque qu’au fur et à mesure, les métiers autour du plâtre et du moulage prennent de plus en plus de place. Ceci est révélateur de l’évolution de la sculpture d’église. Lucien Bégule critiquait l’invasion de ces œuvres industrielles :

‘« Nos églises ont été dépouillées de la plupart des œuvres qui s’harmonisaient si bien avec leur style, avec leurs lignes et en constituaient un élément de beauté. Par quoi avons-nous remplacé ces œuvres disparues ? Par une camelote industrielle, par d’offensantes horreurs, indignes du saint lieu !... […] Telles ces caricatures grossières et ineptes, façonnées par de vulgaires et infâmes statuaires qui souillent nos églises modernes. Ce n’est pas de l’art, cela, c’est la prostitution de l’art. J’ai la mort dans l’âme quand je vois nos temples déshonorés par la présence de ces misérables statues de saints et de saintes qui sortent actuellement, non d’ateliers d’artistes, mais de fabriques de mannequins. Elles ont une physionomie stupide, un air sentimental idiot, elles regardent bêtement le ciel, elles sont laides à faire pleurer. Le seul moyen de ne pas perdre toute dévotion à l’objet qu’elles ont la prétention insolente de représenter, c’est de fermer les yeux pour ne point les voir. Bien loin d’inspirer l’enthousiasme pour l’idéal religieux, elles en donneraient la nausée. Fermer les yeux ! C’est bien aussi la seule attitude à avoir si d’aventure, il vous arrive de monter à Fourvière en négligeant le funiculaire, à pied comme nos pères, pour ne pas subir l’odieuse vision de cette foule d’horreurs étalées aux vitrines des boutiques d’objets de piété. Et les innombrables bazars de La Louvesc, de Lourdes que n’offrent-ils pas à la piété des pèlerins ? »81

La partie consacrée aux particularismes de la statuaire industrielle (« Le cas de la statuaire industrielle », pp. 97-98, 106-112) tente de connaître quelles sont les raisons d’un tel développement ; de quelle manière et pourquoi se développa cette statuaire industrielle.

Le dictionnaire d’Audin et Vial précise parfois l’orientation des carrières des sculpteurs.

Notes
81.

Lyon, Archives municipales, 0009 II : Fonds Lucien Bégule, maître-verrier, « La déchéance de l’art religieux » (1916), conférences de L. B. documentation sur la sauvegarde de l’art religieux.