4) Des exceptions ?

Entre les sculpteurs, entièrement consacrés à cet art dans la foi, et ceux ayant plus ou moins offert leurs talents dans les églises, quelles sont les différences ?

Jean-Antoine Aubert (1822-1883) et son fils Pierre Aubert (1853-1913) se consacrèrent presque entièrement à la sculpture religieuse, mais par une étrange conjoncture n’intervinrent pas à Lyon. Charles-François Bailly (1844- ?) semble avoir œuvré là où il avait de la demande : bustes, commandes publiques de monuments à des personnages importants, et participant aux grands concours ; sa collaboration à Notre-Dame de l’Annonciation – aujourd’hui détruite – semble occasionnelle. Jean-Marie Chavanne (Lyon 1792 – Lyon 1860) exposa assez de sujets religieux au Salon114, sans qu’il soit possible d’identifier d’éventuels travaux dans les églises. Rodolphe Galli (Italie 1840 – Lyon 1863), expatrié, toucha vraisemblablement à plusieurs domaines115. Léopold-Marie-Philippe de Ruolz-Montchal (Francheville (Rhône) an XIII – Lyon 1879) possédait un goût ferme qui ne plaisait peut-être pas à tous, mais surtout, sa carrière fut arrêtée par un mal aux mains. Charles-Marie Textor (Lyon 1835 – Lyon 1906) délaissa la sculpture religieuse après en avoir exposé quelque peu au Salon, cet art et ce type de commande semblent ne pas avoir convenu à son caractère, et il se consacra davantage au portrait, genre très demandé à cet époque. Toutefois, Étienne Pagny (Lyon 1829 – Lyon 1898) réussit à concilier les domaines. Il fut élève de Fabisch à l'École des Beaux-arts de Lyon, étudia aux Beaux-arts de Paris sous la direction de Roubaud aîné et revint à Lyon – fait notoire – pour devenir le praticien de Guillaume Bonnet dont il est considéré comme l’héritier ; ainsi il réalisa quelques œuvres religieuses à Lyon116, mais, ardent patriote, il travailla avec dévouement à un Monument commémoratif des morts de 1870 117 .

Tous les cas de ces artistes n’ayant que peu touché à la sculpture religieuse s’éclairent par des explications exceptionnelles. En les considérant, on constate qu’il ne semble pas y avoir eu d’exclusion de la part des commanditaires et architectes ; ce fut d’avantage un retrait de ceux qui n’étaient pas vraiment passionnés par ce domaine, au profit de quelques-uns qui s’y adonnaient pleinement, avec conviction. Ces derniers furent ainsi repérés et appréciés par les commanditaires ou architectes, entente qui engendra au fur et à mesure des rapports étroits entre eux.

Notes
114.

Le Bon Samaritain, S. Lyon, 1827. Vierge, terre cuite, S. L. ?, 1838?. Statues pour la chapelle de Saint-Martin à l'église d'Ainay à Lyon, 1839. Jeanne d'Arc à Patay, S. L., 1840. Jésus au jardin des Oliviers, S. L., 1841-1842. Martyre de saint Pothin, statuette plâtre, S. L.?, 1841-1842?. Christ, S. L., 1843-1844. Sainte-Élisabeth de Hongrie pansant les malades, S. L., 1848-1850. Bethsabée, tête d'étude, S. L., 1848-1850. Lecture de la vie des saints, S. L., 1851. Immaculée Conception, S. L., 1851. La Piété finale, S. L., 1851-1852.

115.

Christ couché dans un linceul (cat. 519), tombeau de l'autel, église Saint-Bruno-des-Chartreux, chapelle du Sacré-Cœur. Vierge à l'Enfant, 1862, niche place des Jacobins à l'angle du 73 rue de l'Hôtel-de-Ville. Sculptures des façades du passage de l'Argue.

116.

Visite des apôtres au tombeau de la Vierge (cat. 530), groupe marbre, église Saint-Charles de Serin, à Lyon ; mod. plâtre, Salon Lyon, 1882. Vierge à l'Enfant (cat. 531), 1880, église Saint-Charles de Serin, à Lyon. Saint Joseph, statue, chapelle Saint-Joseph, église de Montchat, à Lyon. Saint Bruno, pour l'église Saint-Georges, à Lyon ; exposition des Amis des arts. Bas-relief ?, pour l'église Saint-Georges, à Lyon.

117.

1896, Hôtel de Ville, (Revue du Siècle, 1898, XII, p. 617).