c) Jean-Antoine Cubisole (Monistrol (42) 1811 – Le Puy-en-Velay 1877)

Jean-Antoine Cubisole ou Cubizolle, né à Monistrol (Haute-Loire) le 8 avril 1811, exposa au Salon à Paris en 1852 et 1853, et prit part à l'Exposition universelle de 1867. Cependant sa carrière s’acheva dans la difficulté, un article d’Aimé Vingtrinier dans la Revue du Lyonnais 166 en témoigne :

‘« Il y a des annonces navrantes. Voilà plusieurs années qu’un statuaire de mérite, vaincu par la maladie et l’adversité, met en vente et annonce à bas prix une statuette en ivoire, d’un magnifique travail, qui représente Eve cueillant le fruit défendu, et il ne trouve pas à échanger contre un peu de pain pour sa vieillesse. Cette statuette d’un seul bloc mesure soixante centimètres de hauteur. Dernièrement encore, à l’exposition de Lyon, elle attirait les regards, et les curieux ne pouvaient se lasser d’admirer le beau corps et la pose gracieuse de la mère du genre humain.
Son auteur, Cubisole, retiré au Puy, son pays natal, a dit adieu à ces œuvres charmantes qui lui avaient fait jadis une réputation. Il a renoncé aux luttes artistiques, aux travaux élégants, aux gracieuses conceptions de sa jeunesse. Il a fui Lyon qui a été oublieux et ingrat ; il a quitté l’atelier où la pauvreté était venue s’asseoir, et désormais, humble ouvrier, se survivant à peine, courbé comme un manœuvre, il travaille pour les cimetières, cède peu à peu, et à mesure qu’il trouve un amateur, les derniers ornements de son atelier, les derniers souvenirs d’une époque de gloire et de succès et offre vainement un des plus jolis joyaux de son écrin, triste et découragé de penser qu’on se disputera ce gracieux bijou quand il ne sera plus et que les journaux répétant sa nécrologie, apprécieront son talent si souple, si fin et si doux. » ’

Pourquoi son art pondéré ne trouvait-il plus de succès à Lyon ? Avait-il un goût d’inspiration trop classique ? Pourtant, c’était bien là le goût lyonnais. Cependant, son classicisme resta peut-être trop ressemblant à celui qui avait du succès dans la première moitié du XIXe siècle – des visages rappelant les périodes classiques des XVIIe et XVIIIe siècles français ou de la sculpture antique, des drapés pesants et volumineux – alors que dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce « classicisme » de la sculpture religieuse lyonnaise se teinte de touches historicistes faisant écho à l’architecture qui l’abrite, et les expressions se font un peu plus personnelles, ou du moins, autres que le modèle grec.

Ainsi l’artiste est-il mort délaissé, le 12 septembre 1877 au Puy-en-Velay (Haute-Loire), ville qui possède quelques-unes de ses œuvres167.

Notes
166.

Revue du lyonnais, 1844, XIX, p. 102 ; 1850, II, p. 352 ; 1851, IV, p. 392 ; 1853, VI, p. 165 ; 1854, VIII, p. 85 ; 1867, III, p. 167 ; 1875, XIX, p. 271.

167.

Le musée Crozatier possède une vingtaine d’œuvres, dont les sujets ne sont pas uniquement religieux.