f) Charles Dufraine (Saint-Germain-du-Plain 1827 – Lyon 1900)

Dufraine sculpta presque uniquement des sujets religieux. Il exposa une fois en 1884 à la Société des Amis des Arts de Lyon, il s’agissait de la Sainte Philomène exécutée en bronze par Villard et Tourniers pour le village d’Ars-sur-Formans : elle reçut une médaille d’honneur. En 1884, il participa au concours pour la statue du botaniste Bernard de Jussieu, mais ce fut Aubert qui l’emporta ; la statue fut érigée en 1892 square Jussieu à Lyon.

Son art trouva son chantre en la personne de Lucien Bégule qui appréciait vivement la capacité de Dufraine à spiritualiser le sujet, l’éloigner du réalisme banal, voire choquant, et de son matérialisme : « L’élégance dans la forme, dans le geste, voilà les caractéristiques de ce talent ». Au sujet de l’engagement de Dufraine, Lucien Bégule nous permet de deviner une fois de plus, le dilemme que vécurent les sculpteurs d’œuvres religieuses à la fin du XIXe siècle, entre tradition, mesure, idéal chrétien et modernité :

‘« Sauf pour de rares favorisés, la carrière de l’artiste roule dans un inévitable cercle vicieux : l’originalité de son talent ne va guère sans l’indépendance de sa vie et, d’autre part, celle-ci ne peut, le plus souvent, s’acquérir qu’au prix de pénibles concessions à l’ignorance et au mauvais goût. Cette indépendance, Dufraine en fut, plus que tout autre, jaloux et d’une jalousie presque farouche. Cantonné dans son rêve de relever l’art religieux, à une époque où l’industrialisme l’entraînait vers une décadence fatale, le simple bon sens de sa foi plébéienne lui fit retrouver la source, bien connue des maîtres anciens mais trop vite oubliée aujourd’hui, de la véritable inspiration chrétienne : l’Ancien Testament, l’Évangile. La poésie du premier l’initia à la Beauté, le second lui montra la Vérité ; le souffle de la pureté qui anime les deux Livres Saints fixa le dernier trait de son idéal et ce triple caractère nous paraît résumer son talent aussi exactement que possible. »172

En 1880, Dufraine avait son atelier 45 rue Croix-Jordan, comme sculpteur ornemaniste. En 1890, il était aux 43-45 rue Croix-Jordan comme sculpteur religieux et officier d'Académie. Il y demeura jusqu’à la fin de sa vie. Des moules y restèrent jusqu’en 1996173.

Notes
172.

Lucien Bégule, L’œuvre de Charles Dufraine statuaire lyonnais, Lyon, Imprimerie Emmanuel Vitte, 1902, p. 68.

173.

Myriam Civier, Charles Dufraine 1827-1900, inventaire de la sculpture religieuse (2 vol.), Université Lyon II, mémoire de maîtrise d’histoire de l’art, 1996, 61 p. et 171 p, tapuscrit.