V. Le cas de la statuaire industrielle

1) Origines de son développement

Les statues réalisées en série qui se retrouvent dans tous les lieux de prière en France, se sont multipliées au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et à la première moitié du XXe. En plâtre, en fonte ou en terre cuite, blanches, patinées ou polychromes, ces statues prirent progressivement toutes les places dans les églises au dernier quart du XIXe siècle. Quelles sont les raisons d’une telle expansion ? 

La dévotion envers les saints prit une nouvelle ampleur à cette époque. Les ouvrages publiés à ce moment-là sur le sujet sont innombrables186 ; ils contribuèrent à son développement. À la fois témoins et participants de cet essor, les images pieuses gravées se multiplient, tout particulièrement dans la première moitié du XIXe siècle. Citons parmi les éditeurs de la seconde moitié du XIXe siècle : Bernasconi Frères, J. B. Gadola, à Lyon ; Cereghetti et Cie, à Paris ; Jean Frédéric Wentzel (1807-1869) à Wissembourg (Bas-Rhin). Dans le même esprit, la statuaire en série se développa, sans que l’on puisse déterminer si la dévotion populaire en fut la cause ou la conséquence.

De plus, Louis Réau relate qu’après les diverses saccages subis par les églises françaises, notamment ceux de la Révolution, il fallut progressivement combler ou remplacer les éléments de décor et de dévotion. Toutefois, la vitalité des dévotions et le développement de l’industrie accentuèrent indubitablement le phénomène.

Notes
186.

Édouard de Villeuneuve, Epagathus ou les Martyrs de Lyon, Paris et Tournai, Casterman, [ca. 1870], 276 p. Cantique, prières & litanies à l’honneur de Saint Antoine de Padoue avec la vie du saint, Épinal, Pellerin & Cie, [ca. 1900], 15 p. J. Auriault, Le Sacré-Cœur, Paris, Rondelet, 1901. Ernest Lucius, Les origines du culte des Saints dans l'Église chrétienne, Paris, Fisbacher, 1908, 226 p.