2) Postérité du « goût » ?

Comment trouver une postérité à cette sculpture convenue et réservée ? Aucun lien direct de la sculpture religieuse lyonnaise avec un courant ou un sculpteur ultérieur ne semble identifiable. Cependant, ce goût très affirmé de la simplicité et de la pondération, évolua, s’affina et fut porté en continu jusqu’au XXe siècle parmi les sculpteurs lyonnais, tels que Larrivé (1875-1928), Jean Chorel (1875-1946), Louis Bertola (1891-1973), Joseph Belloni (1898-1964), trois étant intervenus à la basilique Notre-Dame de Fourvière. Cette simplicité et cette pondération semblent même trouver leur plein épanouissement dans toute la sculpture du début du XXe siècle299, caractérisée par la plénitude et la puissance des formes, leur aspect soit pur, soit élémentaire, dans la franche stylisation, la sobriété ou la solidité des compositions.

Cependant la continuation de la sculpture du XIXe siècle est davantage à considérer à contretype : sans cette longue pérégrination formelle à travers des inspirations plus ou moins passéistes, un renouveau si puissant et abouti n’aurait pu voir le jour. Une critique de Luc Roville sur Larrivé éclaire ce fait (voir citation pp. 50-51 et la remarque pp. 94-95). Il dénonce la froideur, la raideur, le conventionnalisme des compositions de la sculpture religieuse de cette époque, ainsi que la manière même de travailler la matière, souvent prétexte à des virtuosités de finesses et de douceur, sophistiquées et artificielles. Il appréciait la recherche du sculpteur pour renouveler les compositions et suggérer la vie, mais surtout, il admirait la manière dont il savait tirer parti de la matière, tout en respectant ses propriétés. Toutefois, le critique s’inquiétait déjà des excès de cette tendance, considérant que l’amour de la matière au point de ne plus la toucher et de la présenter brute était une négation de l’art, l’art qui suppose une intervention de l’homme. Il concluait en invitant à la mesure300.

Notes
299.

Exemples de sculpteurs : Charles Despiau (1874-1946), Joseph Bernard (1866 – 1931), Marcel François Loyau (1895-1936), Michel Serraz (1924- ?), Jane Poupelet (1878-1932) , Marcel Gimond (1894 – 1960), Léon Ernest Drivier (1878 - 1951), Auguste Guenot, Pierre-Marie Poisson (1876 -1953 ), Alfred Auguste Janniot (1889-1969), Paul Belmondo (1898- ?), Gaston Louis Contesse, Louis Jules Dideron (1901 - ), Jean Osouf ( 1898 - ), Noel François Roger de la Fresnaye (1885- ), François Pompon (1855-1933), Marcel Bouraine (1886-1948), André Vincent Becquerel (1893-1981).

300.

Luc Roville, « Au Salon de l’art décoratif moderne », Le Salut Public, 19 décembre 1929.