Sur les trente-cinq églises construites ou remaniées au XIXe siècle, vingt-deux312 furent prévues avec un décor extérieur élaboré, neuf313 autres avec un décor assez sobre, parmi elles dix314 sont demeurées inachevées ; il faut ajouter deux315 églises se contentant d’ornements architecturaux par goût du classicisme, cinq316 autres sans programme de décor sculpté, par pauvreté.
Ces décors sculptés se distinguent facilement par des types suivant les styles d’architecture.
Douze ornementations extérieures sont proches du (néo)gothique. À Notre-Dame de l’Annonciation (cat. 51-55), programme qui était riche en sculptures exécutées par Chenevay pour l’ornementation et en grande partie par Fontan pour la statuaire, est malheureusement détruite. Notre-Dame de Bellecombe (cat. 336), assez sommaire, se caractérise par ses gargouilles, ses pinacles et ses moulures ogivales. Notre-Dame-des-Anges assez spacieuse mais modeste, dont l’ornementation est inachevée, devait s’en tenir à quelques éléments architecturaux comme des moulures, des quadrilobes, des colonnettes et leur chapiteaux. La Rédemption, dont le clocher n’a jamais été élevé et dont les blocs de pierres sont restés bruts, possédait un superbe programme sculptural comprenant statues, reliefs, ornements végétaux, et la panoplie des ornements gothiques, tels que les pinacles, lanternons, crochets, baies à lancettes, polylobes, garde-fou d’arcades trilobées, etc. Saint-André (cat. 435), dont la sculpture extérieure n’a pas été réalisée, sauf pour quelques chapiteaux, et dont le clocher pas totalement élevé, devait sans doute être ornée uniquement d’éléments architecturaux ; de même pour l’église Saint-Bernard (cat. 462), conçue par le même architecte, dont tout le porche est manquant. La façade de Saint-Bonaventure (cat. 490) fut agrémentée entre 1857-1865, sous la direction de Benoît, par quelques ornements architecturaux gothiques et la Vierge à l’Enfant du porche de Fabisch ; plus tard, en 1905, les deux niches furent complétées par des statues de Metra. Sainte-Blandine, dont le décor extérieur (cat. 825) demeure inachevé, laisse deviner un programme composé de quelques ornements architecturaux robustes, complétés par le relief du tympan central, les statues sur les pinacles et quelques gargouilles, sculptures tout aussi nettes et vigoureuses, employées avec mesure, formant un ensemble sobre par rapport à l’importance de l’église. L’ornementation extérieure de Saint-Georges (cat. 601) est aussi équilibrée mais toute autre : les éléments architecturaux forment principalement des lignes verticales qui se stabilisent visuellement avec très peu d’horizontales ; les ornements sculptés – tympan, deux statues du porche, groupe du pinacle, quelques gargouilles et quelques pinacles à crochets – en nombre limité sont caractérisés par une grande finesse. L’extérieur de Saint-Nizier (cat. 610) fut retouché à plusieurs époques, avec notamment ce curieux porche Renaissance par Philibert Delorme au milieu d’une façade gothique. Comme de coutume, le XIXe siècle a réparé l’usure du temps, mais aussi complété l’édifice par la construction de la tour sud et agrémenté ce qui préexistait. Au Saint-Nom-de-Jésus (cat. 302), la pierre est restée brute, elle laisse deviner les ornements architecturaux gothiques habituels, et que le porche aurait dû être plus richement sculpté. À Saint-Paul, le porche et le clocher furent refaits au XIXe siècle avec une ornementation fine.
Pour sept églises, l’ornementation extérieure prévue était éclectique. La variété des éléments architecturaux est si grande et les partis si différents, qu’il paraît malaisé de faire des rapprochements pointus entre ces décors. Cependant, une distinction se fait entre des décors extérieurs éclectiques très sculptés et d’autres consistant davantage en des jeux architecturaux. Cet éclectisme qui aime à travailler la pierre avec finesse – frises, motifs végétaux et géométriques, éléments figuratifs, etc. – , est une tendance se rapprochant de ce qui est appelé l’ « école de Bossan ». Les églises dont l’extérieur fut pensé dans ce goût sont : l’Immaculée-Conception, la basilique de Fourvière, le Saint-Sacrement (cat. 318), le Sacré-Cœur. L’autre éclectisme possède une ornementation qui consiste davantage en des jeux de volumes d’architecture, qui manie distinctement les rythmes, et favorise les ornements architecturaux : l’église Saint-Augustin (cat. 450) et celle de Saint-Maurice de Monplaisir (cat. 696)317 furent pensées de la sorte. Cependant, il faut souligner que sous leurs riches ornements sculptés, la basilique de Fourvière, le Sacré-Cœur (cat. 286) et l’Immaculée-Conception (décors non-réalisés ; cat. 230) jouent aussi sur les rythmes et les volumes. La modeste église de la Sainte-Croix (cat. 851) reste à part, elle utilise les formes les plus simples et les plus évidentes de l’architecture religieuse de son époque.
Six églises emploient le vocabulaire ornemental classique, mais avec toutes les modulations qu’il put connaître de la Renaissance jusqu’au néoclassicisme. Chacune possède donc une ornementation qui lui est propre en comparaison des autres églises de Lyon, mais qui peuvent être rapprochées d’exemples extérieurs de diverses époques. La façade de l’église de l’Hôtel-Dieu, avec son ordre monumental, rappelle l’époque de Louis XIII. La façade de Saint-Just est d’un classicisme bien représentatif du début du XVIIIe siècle français ; elle fut réalisée par Ferdinand Delamonce. Cependant, ses deux reliefs et ses deux statues datent de 1828 et reprennent tout à fait le style de la façade. L’extérieur de Notre-Dame Saint-Louis de la Guillotière date des années 1840 et fut conçu par Christophe Crépet ; elle est classique et les quatre statues dans les niches le sont aussi, avec un traitement vigoureux, adapté à leur emplacement extérieur. La façade de Saint-François-de-Sales (cat. 583) est néoclassique, à la fois monumentale, sobre et d’une grande finesse, due à son inspiration corinthienne. Elle emploie uniquement des ornements architecturaux saillants, avec une très belle régularité. Enfin, la façade de Saint-Bruno, conçue par Sainte-Marie Perrin, est une adaptation à l’intérieur baroque. Son décor consiste essentiellement en un jeu typiquement baroque sur l’emploi des ornements architecturaux ou du vocabulaire architectural classique ; il est complété par un blason, la statue du saint patron et deux vases d’amortissement.
Enfin, les six églises néo-romanes de Lyon répondent à des partis architecturaux assez variés : Notre-Dame de Bon-Secours a une façade principale un peu angulaire et incertaine dans ses rythmes, mais l’ensemble extérieur est particulièrement harmonieux par ses volumes, sa lisibilité et l’égalité du traitement entre les différentes faces ; le Bon-Pasteur (cat. 266-268) possède une façade composée avec harmonie, mais le traitement des autres parties extérieures n’a pas bénéficié des mêmes soins ; Saint-Pierre de Vaise (cat. 769) connaît le même problème poussé à l’extrême, il s’agit d’une église relativement modeste, qui a reçu une belle façade de pierre, le parement ou tout simplement l’enduit des côtés ne semble pas avoir été fait, la pierre dorée qui a servi au gros-œuvre tranche avec la finesse de la façade principale. Dans ces trois exemples aux apparences hétéroclites, le vocabulaire du décor sculpté et la manière de l’employer est pourtant très semblable : baies en plein-cintre, géminées ou triplées, série d’arcades, colonnettes, et quelques statues ou reliefs qui trouvent parfaitement leur place. Le cas du décor roman de Saint-Joseph des Brotteaux (cat. 638) se différencie : inachevé, son programme conçu par Gaspard André était riche, le clocher et toute l’ornementation sculptée n’ont pu être commencés, inachevée l’église possède un aspect massif, puissant, clairement articulé et uni ; toutefois les projets montrent à quel point l’ornementation sculptée y tenait une place importante, faisant alterner des surfaces lisses avec des parties finement ouvragées ; l’église aurait eu certainement un tout autre aspect, avec une lecture moins évidente de l’ensemble des volumes et la mise en valeur d’autres lignes. Saint-Charles de Serin, détruite, possédait – d’après ce qui est visible sur une carte postale ancienne (cat. 533) – un programme assez riche en façade pour une petite église néo-romane, mais relativement équilibré à l’ensemble.
Basilique Notre-Dame de Fourvière, églises du Bon-Pasteur, de l’Hôtel-Dieu, de l’Immaculée-Conception, Notre Dame de l’Annonciation (détruite), Notre-Dame de Bellecombe, Notre-Dame Saint-Vincent (cat. 418), la Rédemption, le Sacré-Cœur, Saint-Bonaventure (cat. 490), Saint-Bruno des Chartreux, Saint-Charles de Serin (détruite), Sainte-Blandine (cat. 829), Saint-Georges (cat. 601), Saint-Joseph des Brotteaux (cat. 637), Saint-Just, Saint-Maurice de Monplaisir, Saint-Nizier (cat. 710), Saint-Nom-de-Jésus, Saint-Paul, Saint-Pierre de Vaise (cat. 769), Saint Sacrement.
Notre-Dame de Bon-Secours, Notre-Dame des Anges (cat. 373), Notre-Dame Saint Louis, Saint-André, Saint-Augustin (cat. 450), Saint-Bernard (cat. 462), Sainte-Croix (cat. 851), Saint-François-de-Sales (cat. 583), Saint-Martin d’Ainay.
Basilique Notre-Dame de Fourvière, églises de l’Immaculée-Conception (cat. 230), la Rédemption, du Sacré-Cœur, Saint-Joseph des Brotteaux (cat. 637), Saint-Maurice de Monplaisir (cat. 696), Saint-Nom-de-Jésus (cat. 302), Saint Sacrement, Notre-Dame des Anges, Saint-André (cat. 435), Saint-Bernard.
Saint-Euscher et Saint-Pothin (cat. 801).
Notre-Dame de l’Assomption, Notre-Dame Saint-Alban, Saint-Camille, Saint-Denis et Saint-Irénée (qui consacrèrent toutes deux plus de moyens pour l’intérieur).
Seul le chœur et le transept ont été construits. Voir projet d’Antoine Sainte-Marie Perrin (ill. 842).